Seulement une crise de plus...
Pour son premier long métrage Chandlor a joué la carte de l'actualité avec ce film très réussi sur cette nuit de 2008 qui a précédé et lancé le crise des subprimes entrainant avec elle une crise financière mondiale.
Au sein d'un récit étouffant à la narration soigné, Margin Call nous embarque dans les coulisses de l'enfer de la finance, là où les chiffres ne signifient plus rien pour personne sinon leur toute puissance sur le bas peuple. Asphyxiant dans sa morale et sa froide mise en situation, réduisant l'autre à la simple condition de victime bienvenue, les pontes d'une entreprise qui a mal calculé son coup n'hésitent guère à déclencher une crise mondiale avant qu'un autre ne le fasse afin d'en tirer le moins de pertes, voir le plus d'avantages, possibles.
Au sein de ce contexte lourd, la caricature n'est jamais frôlée, le cynisme porté à son paroxysme et l'implacabilité de cet inexorable état de fait dressé à l'état de simple écart de conduite récurent et régulier par un grand patron qui a suffisamment de vécu pour savoir qu'on n'apprend pas de nos erreurs si ce n'est qu'on les refera. Chandor dresse ici un portrait glacial, intimiste, désabusé et sans équivoque d'un univers qui a depuis longtemps déconnecté mais duquel, malgré toute notre grandiloquence et nos belles paroles, nous ne saurions nous passer.