Extension d’un court métrage intitulé ¿ Dónde está Kim Basinger ?, le premier long de Edouard Deluc, Mariage à Mendoza, pourrait connaitre un joli succès public dans les semaines à venir, tant il est résolument sympathique et sans prétention, faisant alterner légèreté et drôlerie avec des instants plus graves sans jamais sombrer dans l’insistance ni l’apitoiement, même s’il faut nuancer ce jugement en ajoutant qu’il y a aussi beaucoup de convention et d’esprit potache. Venus en Argentine pour le mariage de leur cousin, les demi-frères Marcus et Antoine (même mère, mais père différent) sont aussi différents physiquement que socialement. Tandis que Marcus, grand escogriffe qui écrit des chansons, affiche une bonne humeur constante et une énergie qui parait inépuisable, son cadet, petit et costaud, se vautre dans la plainte et la mollesse, dévasté par l’échec de son mariage – il est juste séparé de sa femme et de ses enfants. Selon le principe légendaire, l’union de la carpe eu du lapin constitue le terreau basique et fertile de toute comédie digne de ce nom. À ce duo peu harmonieux s’ajoute un troisième larron, un hôtelier de Buenos Aires, très compassionnel et rendant service, qui va lui servir de guide dans sa route jusqu’à Mendoza.
On échappe ici aux codes habituels du road-movie, du voyage initiatique en tournant le dos à une vision folklorique et attendue de l’Argentine. Le film qu’on sent réalisé avec peu de moyens suit donc le périple de ces ‘pieds nickelés’, tendres et attachants. C’est cependant sur l’étonnant Philippe Rebbot (qui interprète Marcus) que repose l’attrait du film. Attentionné mais maladroit, conciliateur au grand cœur, le garçon est un mélange entre Pierre Richard, dont il pourrait être le successeur potentiel, et Gaston La Gaffe. Le voir courir en caleçon et peignoir à la recherche de sa voiture volée est un grand moment de Mariage à Mendoza, lequel ne supporte pas en totalité le passage au long format. Le scénario s’essouffle un peu, connait quelques faiblesses au milieu du gué et vire de manière trop prévisible et donc décevante au happy end. Il parvient néanmoins à aborder des sujets délicats (la maladie mentale et le deuil) avec tact, sans trop en faire. Plus généralement, c’est la modestie présidant à l’ensemble qui le sauve et le rend sympathique. On aura passé au final un bon moment ; pas sûr qu’il reste longtemps dans notre mémoire.
PatrickBraganti
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le 24 janv. 2013

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