Première découverte d'un œuvre de Tadashi Imai sur cette décennie 70's. Je nourrissais quelques craintes et j'avais bien fait.
C'est vraiment pas folichon avec un cruel manque de rythme et même d'enjeux, ce qui est un comble pour le cinéaste. Le sujet avait pourtant tout pour s'inscrire dans la lignes de la filmographie progressiste et contestataire de son auteur. Il n'en fera pas grand chose au point qu'on se demande s'il a vraiment quelques chose à dire sur le sujet. Le début s'annonçait pourtant prometteur avec une ouverture sur les derniers morts japonais à Iwo Jima, un enfer où les corps sont enchevêtrés entre la flamme et la terre avec notamment un plan-séquence assez remarquable.
La suite sera un long flash-back de 2 heures très inégal. La présentation des différents personnages s'avérait encore plutôt efficace avec de furtifs souvenirs des aspirants cadets. La photographie, comme les décors pratiquement monochromes marrons, tient bien la route et Imai souvent critiqués (à tort selon moi) pour son absence de réalisation fait preuve d'un joli sens du cadre et compose quelques dynamiques mouvements de caméra.
On s'attend alors à se trouver devant le chaînon manquant entre La condition de l'homme et Full Metal Jacket avec une peinture impitoyable des écoles militaires japonaises.
Et bien pas tant que ça. Avec une volonté de nuancer les rapports entre hiérarchie et jeunes appelés, Imai a apporté un personnage plus compréhensif qui s'intéresse à la vie de ses troupes tout en s'opposant à ses collègues officiers eux aussi formateurs. Mais les échanges manquent de force, de tension. De vie tout simplement.
C'est un peu pareil avec les jeunes héros du film qui manquent au final d’énormément de caractère et de personnalité. La faute en revient au scénario et à Imai qui a vraiment du mal à densifier sa narration et condenser son montage. Résultat, on s'ennuie rapidement et longuement, espérant finalement qu'on ira le plus tôt possible sur le front pour qu'on se réveille un peu. Du coup, on ne profite même pas de la direction artistique, de certains cadrages originaux (pas mal de plans avec lentilles à doubles foyers - j'ai encore oublié le nom) ni de quelques séquences pourtant réussis comme l'entraînement au corps à corps sous les yeux médusés de familles en visite, de l'adieu sous un tunnel ou des moments avec la sœur prostituée.
Il y a avait pourtant matière à faire un film riche et passionnant mais Imai semblent s'arrêter à une forme superficiel où ses motivations finissent par disparaître derrière une ode à la fraternité basique et contre-productive.

anthonyplu
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le 9 janv. 2018

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