Dès le générique, je me suis fait la réflexion : « Tiens ! Pour une fois le ciel est nuageux et les couleurs sont plus ternes… » Je ne croyais pas si bien dire car pour l’amateur de la saga amoureux de beaux ciels bleus ensoleillés en sera sur ce point pour ses frais car le titre est – pour le moment – le plus sérieux et mélancolique de la saga, à l’image d’une météo qui (à l’exception des dix dernières minutes), n’offrira que nuages, pluie et brouillard. D’ailleurs, je signale à ce sujet que le titre original signifie « Tora san suffoque dans le brouillard nocturne », loin des promesses de gais mariages vendus par le titre français et le titre international.
Alors on ne peut que louer Yôji Yamada d’essayer encore une fois une variation dans sa formule. On a d’ailleurs dans la saga une multitude de scènes s’accommodant d’un ton plus sérieux, mais il est vrai que le curseur est ici plus poussé et que certaines scènes laissent une impression mitigée au spectateur. Ainsi les retrouvailles avec le bon Noboru, vieil ami de Tora que l’on avait laissé au dixième film et que l’on retrouve marié et père d’une petite fille. On imaginait ces retrouvailles joyeuses et bruyantes, finalement elles sont brèves et sinistres, la faute à un Tora qui préfère quitter vite fait son ancien acolyte parce que lui a su se ranger et que s’acoquiner d’un éternel bon à rien comme Tora ne peut rien apporter de bon. De même, quand on revient à Shibamata pour célébrer les noces d’Akemi, unique fille du Poulpe (dans les premiers épisodes on apprenait qu’il avait quatre enfants, mais passons, de toute façon la vraie famille du Poulpe est davantage à chercher du côté des Kuruma), jeune fille délicieusement espiègle (jouée par ailleurs par Jun Miho, une des starlettes de l’époque des roman porno !), c’est pour voir la fête gâchée par un Tora déplaisamment sentencieux –bon, par contre, voir le Poulpe encore une fois se mettre à chialer, ça m’a fait marrer. On dirait que ça devient une habitude depuis quelques épisodes…
Bref, autant dire que l’on est sur un terrain particulier, terrain qui a le mérite encore une fois d’expérimenter par rapport au cahier des charges, mais qui peut frustrer le spectateur avide de torasâneries douces et solaires. Même les dix dernières minutes, censées être drôles, comme pour essayer de compenser l’esprit de sérieux durant l’heure et demie précédente, semblent tomber comme un cheveu dans le miso. Le dernier plan a beau montrer un vaste paysage d’Hokkaido pour conclure en beauté l’épisode, la frustration demeure, à l’image d’un maudit voile nuageux qui décidément aura trop pris ses aises dans cet opus 33.
PS : à signaler aussi la présence de Tsunehiko Watase, toujours cool et badass en diable.