Un chat se tache le pelage, une femme l'attrape, et d’un geste rapide, ôte la fourrure du chat,
qui s’avère être artificiel. Pas d’explication, seule l'image suffit au spectateur pour saisir une technologie complexe mais banale pour le personnage. Bienvenue dans le futur.
Tout au long de son film, Jérémie Périn nous présente un foisonnement d’idées de science-fiction, et les amènes plein de confiance en l’intelligence des spectateurs, sans en passer par
les mots, l’image parle d’elle-même. Si parfois, l’apparition d’une nouvelle technologie nous déstabilise, la compréhension se fait intuitive, sans que le film n’ai besoin de sombrer dans un lourd didactisme qui plombe un grand nombre de films de science-fiction.
Les technologies, en plus de nourrir le film, viennent alimenter le déroulement de l’intrigue : par exemple, une mise à jour aura un impact majeur sur le récit, et la mémoire saturée du disque dur d’un androïde aura alors son importance, le faisant échapper à cette mise à jour.
Une thématique également très présente est celle de la notion de double, d’imitation, de faux-semblants, et elle est alimentée par l’utilisation des technologies. La scène du chat précédemment citée en est une bonne illustration, mais elle n’est pas la seule. L’un des deux
personnages principaux est un androïde à qui l’on a injecté la mémoire et la personnalité d’un humain après la mort de celui-ci. Cet androïde est-il la même personne que cet humain décédé ? En tout cas, c’est l’impression qu’il a.
De même, une scène se présente d’abord à nos yeux comme semblant être une scène comme une autre, avant que nous ne nous rendions compte qu’il s’agit d’une reconstitution 3D d’un événement passé, une mise en scène trompeuse permettant de déconcerter le spectateur.
Les enjeux de cet univers sont également très bien traités, par des choix esthétiques découlant des technologies présentes dans l’univers : les humains et les androïdes se considérant humains sont animés en 2D, et les androïdes conscients de leurs conditions sont animée dans une 3D cherchant à imiter la 2D.
Le film est également parcouru de nombreuses références à d’autres films de sciencefiction, et, comme pour les technologies, ces références ne sont pas lourdement appuyées. Elles sont digérées et contribuent à construire un univers riche, foisonnant et singulier.
A l’issu de la séance, une seule déception : on aurait aimé profiter plus longtemps de ce
riche univers.
Mars Express est donc une franche réussite. Nous ne pouvons qu’espérer qu’il ouvrira la
voie à davantage des films d’animation pour adulte et de science-fiction française, et l’on ne
peut qu’attendre avec impatience le prochain film de Jérémie Périn.