En voilà un film qui a bien mauvaise réputation. Il n’existe d’ailleurs pas de support physique (ni DVD ni Blu-ray) et il passe désormais bien rarement à la télévision même sur les chaînes câblées. Au fond, que lui reproche-t-on ? Sa proximité avec French connexion dont il a repris certains éléments sans en avoir la puissance ? Peut-être bien mais le résultat est loin d’être honteux même si le scénario a la faiblesse de multiplier les raccourcis et les coïncidences heureuses. Certes, mais c’est aussi le principe même du cinéma que de construire des récits qui permettent de faciliter les enchaînements de péripéties. Au contraire, on peut même considérer que son histoire ramassée en une petite 1h30 est plutôt une qualité qui donne du rythme à l’ensemble. Car si certains le jugent globalement mou, ce polar franco-britannique à l’Américaine se révèle capable de jongler entre séquences de confrontations dialoguées et scènes d’action efficaces. Évidemment la poursuite dans la gare d’Orsay renvoie à celle du film de William Friedkin mais elle est bien imaginée et permet à Robert Parrish de montrer qu’il est un cinéaste de qualité.


La galerie d’acteurs est une autre qualité évidente. Dans un rôle qui lui va comme un gant, Michaël Caine est parfaitement à son aise. Anthony Quinn incarne un personnage un peu mal dégrossi mais il lui donne une certaine épaisseur. Si James Mason ne sort pas de ses rôles de fin de carrière qu’il tint, notamment, dans les polars italiens, Maurice Ronet ou Marcel Bozzuffi sont d’excellents seconds rôles. Porté par la musique (souvent excellente en dépit d’un ou deux morceaux en retrait) de Roy Budd, très inspiré en ce début des années 1970, par les cascades orchestrées par Rémy Julienne, et par la réalisation soignée de Robert Parrish, on obtient un polar qui, certes, n’invente rien, mais qui constitue un divertissement de qualité, bien meilleur que ce que les décennies suivantes ont pu donner. Le spectateur français pourra également apprécier la façon dont Paris et Marseille sont filmés.


Difficile ainsi de comprendre pourquoi le film fut un aussi gros bide à sa sortie tant il est une véritable incarnation de ce cinéma des années 1970. On peut, bien entendu, lui trouver bien des défauts, des scènes pas très heureuses (notamment la course automobile remplie de séduction entre l’Alfa Romeo Montréal de Michaël Caine et la Porsche jaune citron de Maureen Kerwin sur une musique entêtante de manège) et une tendance à mettre des intrigues en place dont on se désintéresse ensuite, mais difficile de ne pas admettre que le contrat est tout à fait rempli.


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PIAS

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