"Mary à tout prix" est une comédie romantique dont la réputation n'est plus à faire.
C'est gros, c'est gras, c'est vulgaire et d'un mauvais goût absolu mais bon sang, qu'est ce que c'est drôle!!
En 1998, quand le film est sorti, les comédies familiales étaient du genre plutôt gentillettes, au pire cucul la praline. Aussi, mon père, ma sœur (12 ans), mon frère (9 ans) et moi (14 ans) n'avions aucune idée de ce qui nous attendait quand nous sommes allé voir ce film, lors de notre traditionnelle sortie cinéma du 24 décembre. Autant dire que la surprise a été totale.
Je me souviens que lors de la scène de la braguette, on s'est tous regardé comme pour chercher l'approbation les uns des autres, avant d'éclater de rire avec le reste de la salle. Mon père, qui se coltinait tous les ans des films pour mômes et finissait toujours par s'endormir en cours de séance , est resté éveillé tout au long de la projection, riant parfois jusqu'à en tousser.
Le personnage de Ted, un gentil garçon sincère et attentionné, qui enchaîne les coups du sort alors qu'il n'aspire qu'à bien faire, est irrésistiblement drôle. Chacun de ses faits et gestes, même les plus généreux comme prendre un auto-stoppeur ou offrir un cadeau à un handicapé, a des conséquences désastreuses.
Ben Stiller est excellent dans la peau de ce sympathique loser abonné à la poisse, qui va en voir de toutes les couleurs en tentant de retrouver son amour de jeunesse, perdu de vue après qu'un regrettable incident à base de "merguez / pois chiches" l'ait envoyé à l'hôpital alors qu'il s’apprêtait à emmener la mignonne au bal de fin d'année. Ses yeux de cocker, son air naïf et timoré font de lui une victime parfaitement crédible et presque touchante qui n'est pas sans rappeler le personnage de "clown triste" de Buster Keaton.
Dans le rôle de la délicieuse Mary, Cameron Diaz illumine l'écran, elle est aussi belle que le comportement de ses soupirants est odieux. Jolie, pétillante, ambitieuse et indépendante, la jeune proie qui s'ignore a tout pour elle, mais sa gentillesse naturelle l'empêche de voir que ses amis (masculins) proches ne sont en réalité que de vilains imposteurs, qui se sont crées des personnages fictifs dans le seul but de pouvoir l'approcher.
Ainsi, guidé par ses sentiments, Ted va essayer de reconquérir sa belle sans savoir que des rivaux pas très fair-play sont aussi sur le coup, et sont prêts à tous les stratagèmes pour lui mettre des bâtons dans les roues.
En particulier Pat Healy, le grossier personnage qu'il a engagé pour retrouver la trace de Mary et qui prend les traits du flegmatique Matt Dillon, tout simplement exquis dans la peu de cet escroc pédant, malveillant et moustachu, spécialiste dans l'art de couper l'herbe sous le pied de ses adversaires et qui prend un malin à tourmenter le pauvre Ted, sans savoir que deux autres prétendants œuvrent également chacun de leur côté.
Ce joyeux bordel est propice à un déferlement presque ininterrompu de gags complètement loufoques, de quiproquos hilarants et de situations des plus cocasses aux plus graveleuses. Certes, c'est de l'humour purement bas du front tout ce qu'il y a de plus démonstratif et grotesque mais c'est tellement bien interprété, notamment par le trio Stiller/ Diaz/ Dillon, tellement bien rythmé et cohérent dans son enchaînement, tellement décontracté du slibard, que ça fonctionne comme sur des roulettes.
La bande son participe aussi grandement à l'effet comique, les sonorités joyeuses et festives de la samba illustrant parfaitement certains gags, comme la scène de la lutte entre Ted et le chien de Magda ou celle la réanimation improvisée du même chien par Healy.
C'est coloré, un peu hystérique et un poil désespéré mais malgré son humour vachard et caustique, le film dégage quelque chose de frais et de sincère à l'image de son adorable héroïne.
Une bonne comédie, bien calibrée, efficace et surtout drôle, qui plaira à ceux qui n'ont pas froid aux yeux, ni aux oreilles et qui vieillit plutôt bien même si naturellement, en matière d'humour potache, de l'eau a coulé sous les ponts depuis.
En tout cas je peux vous dire qu'en ce soir du réveillon de Noël, la conversation a été animée et les fous rires nombreux tandis qu'on se remémorait certaines scènes pour les raconter à notre mère.
Cette dernière a sans doute pris un coup de vieux à ce moment là, en se rendant compte qu'on en avait bel et bien fini avec les films pour enfants.