SOS de terriens en détresse. Oui, je me devais de commencer par une citation de Balavoine. Comme ça, en une critique, je réunis deux des choses qui m'ont le plus occupée pendant la douce et verdoyante période qu'est l'adolescence : Balavoine (vous l'aurez compris) et la correspondance.


Mary et Max, c'est une histoire de lettres. De lettres envoyées comme une bouteille à la mer. Mary et Max, sur le papier (à lettre), ils n'ont pas grand chose en commun. Soit. La vie ne s'embarrasse pas des détails. Parce qu'en fait, ces deux-là partagent deux choses, deux choses qui les rapprochent et les lient l'un à l'autre : leur formidable capacité à souffrir et leur amour pour l'amitié, un sentiment qu'ils se désespèrent de ne pas ressentir.


Visuellement, ce film est une vraie claque. Mais une claque intimiste. Il n'y a pas de grands paysages, de couleurs chatoyantes... Au contraire, la noirceur des images est telle que ça en devient romantique.


Musicalement parlant, là encore c'est une réussite. Elle ne prend jamais trop de place mais apporte un petit quelque chose qui plonge un peu plus encore le spectateur dans l'histoire de ces deux malheureux.


Et puis l'histoire, parlons-en ! Ces deux êtres qui ne se sentent pas à leur place dans l'environnement qui est le leur. Trop sensibles, trop naïfs, se sentant éprouvés par la vie à chaque instant et qui essaient pourtant de s'intégrer, de changer, de se guérir d'un "handicap" social qui les mettent quotidiennement à l'épreuve...


Mary et Max est une ode à l'écriture, à la correspondance, aux échanges épistolaires. C'est aussi un hommage aux mots et à leur pouvoir extraordinaire quand ils résonnent avec justesse dans le cœur de l'autre, de celui auquel on pense au moment de les choisir. Tout y est : l'excitation de la première missive, quand on ne connait pas encore celui auquel on a à faire. Les présentations, les goûts, les hobbies s'échangent. Petit à petit, on dresse un portrait de l'autre. On se demande ce qu'il fait, s'il pense à nous. Et sans même l'avoir jamais rencontré, il prend une place de choix dans nos pensées. Les états-d'âme se couchent sur le papier, se répondent. On trouve des points commun, c'est rassurant. Et puis d'un coup plus rien. Commence alors de longues heures, journées, semaines de questionnement. On réfléchis à chaque mots utilisés et à la façon dont ils ont pu être appréhendés par l'autre. On regrette, aussi, de s'être attaché à une image, fictive, de l'autre. On réalise qu'on ne le connait finalement pas très bien. Et ce jusqu'à la missive libératrice. "Il ne m'a pas oublié !". Puis c'est au tour de la question fatidique : est-ce que nous devons nous rencontrer ? Et avec elle sont lot d'angoisses, de stress et d'excitation mêlés.


Un film à voir pour les amoureux des mots et pour tout ceux qui aimeraient le devenir.

jihyo
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le 14 sept. 2016

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