Film fauché et réalisé avec pour seule ambition d'attirer les spectateurs fans d'Horreur dans les salles obscures, le jeune Tobe Hooper n'imaginait certainement pas deux secondes que ce dernier allait devenir véritable un phénomène de société. Pour ma part j'ai découvert ce film sur le tard et j'ai donc été bien moins impacté par son propos que ceux qui l'ont visionnés en 1974, autres époques, autres mœurs. J'ai tout d'abord été très surpris par le peu de violence proposée durant le récit, quasiment pas de morts et une violence bien moins explicite que ce qu'on peut voir de nos jours (Coucou Terrifier). Massacre à la tronçonneuse instaurait donc tous les codes inhérents au Slasher (Un groupe de jeunes victimes d'un ou plusieurs psychopathes et une seule survivante à la fin) sans jamais jouer la carte de l'Horreur graphique mais en distillant plutôt une ambiance malsaine et psychologiques mettant les nerfs des spectateurs à rude épreuve. Ce film était surtout une critique sous-jacente du mépris de la bourgeoisie américaine envers les Rednecks (Cous rouges en bon français), une communauté de laissés pour compte exclus du monde moderne et de l'industrie devenant des "monstres" par nécessité plus que par envie. L'autre force du long métrage venait aussi de la figure terrifiante de Leatherface, un être sans âme uniquement mue par ses plus bas instincts et au service d'une famille de dégénérés cannibales ayant perdu tout ce qui faisaient d'eux des individus civilisés. L'efficacité de la mise en scène et l'amateurisme des acteurs donnaient un cocktail détonnant rapprochant davantage l'oeuvre de fiction d'un documentaire, celui de l'histoire plausible d'un groupe de jeunes ayant le malheur de rencontrer un troupe de sauvages dénué de tout code moral ne voyant dans cette bourgeoisie américaine qu'une opportunité morbide à exploiter. Toutes les sagas de Slasher (Halloween, Vendredi 13, Freddy, Chucky, Scream, Jeepers Creepers ou Saw) lui devront quelque chose tant il a su exploiter avec malice les ficelles du cinéma d'Horreur pour générer une légende urbaine ayant réussi à fédérer plusieurs générations de spectateurs. Un coup de maître en somme.