Le goudron des pavés parisiens brûle sous cette chaleur exceptionnelle, alors le monde devient fou, alors Alex prend Anna dans ses bras et l'amène au bout.


L'amour moderne, c'est la fragilité et la puissance d'un visage d'un Denis Lavant tout sauf terne, c'est sa capacité à aller de l'avant jusqu'à la mort, jusqu'à l'épuisement.


C'est un travelling d'un lyrisme fou sur du David Bowie, ce sont ces regards silencieux échangés sur le lit.


Ce sont ces coupes, ces cuts et ce montage sonore tels A bout de souffle, ces personnages qui sans cesse face à l'amour souffrent.


C'est le sourire attendrissant de Binoche, c'est le visage innocent de Delpy, c'est l'hypocrisie haineuse de Michel Piccoli.


C'est un Alex ventriloque, colérique et schizophrène, dont la passion de l'amour se mêle à la puissante beauté de sa haine.


C'est une histoire décomposée, parfois d'un noir et blanc magnifique, parfois très colorée. Du gris, du rouge, du bleu, une colorimétrie angoisse et fictionnelle mais qui toujours m'émeut.


Ce sont des scènes qui se répondent, s'entrechoquent et se mêlent, qui ne paraissent pas avoir de sens mais qui me font ressentir des choses, elles.


Ce sont des effets qui peuvent paraître gratuits aux premiers abords, mais qui délivrent un message de liberté et d'ivresse de la vie extrêmement fort. Des effets d'images, de collages, de sons et d'étalonnage, qui ne sont pas incohérents au film mais au contraire en transmettent la rage.


Bref, l'amour moderne c'est le sens de Mauvais Sang et sa fresque, l'axe de Carax dans cette histoire abracadabrantesque.


Mauvais Sang, c'est plutôt que d'écrire une critique un peu crème, l'envie irrésistible d'en faire un humble et maladroit mais non moins sincère poème.

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le 3 août 2015

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Antofisherb

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