Natalie est une jeune femme de vingt ans, persuadée d'être moche à cause de ses dents de lapin, mais elle décide de se prendre en main et de quitter le giron familial en allant de Brooklyn à Greenwich Village.
Aujourd'hui, Me, Natalie est surtout connu comme étant le tout premier film où apparait Al Pacino, mais en fait il n'apparait que quelques instants dans un rôle peu flatteur ; lors d'une soirée où il enlace Natalie, il lui propose tout de go de coucher avec elle avant de la jeter à la suite de son refus. Heureusement que le film est bien que ça, et je dirais même que c'est le formidable portrait d'une femme, jouée par Patty Duke (la petite fille enragée de Miracle en Alabama), combattante, et qui veut au fond s'engager en dépit de ce qu'elle pense être un repoussoir, à savoir ses dents de lapin. Qu'on voit à peine, car elle est très belle, mais cela constitue pour elle un frein dans sa relation aux autres, en particulier les hommes. On croise notamment le touchant Marin Balsam, l'oncle au grand coeur qui la comprend mieux que ses propres parents, Salome Jens ou encore James Farentino, qui va être en quelque le grand amour de Natalie. A ce moment-là de sa vie.
Le film est réalisé avec une grande finesse, ne faisant jamais de son personnage principal une nigaude, en dépit de quelques scènes amusantes, mais le scénario nous la montre évoluer au fil du récit, car au départ elle semble très naïve, jusqu'au final où en quelque sorte elle va prendre son envol. Je dirais presque que c'est un film féministe, qui prend fait et cause pour elle, sans jamais la filmer de manière scabreuse ou sexuelle, et qui va aller dans l'affirmation, car au fond, rien ne vaut de vivre à fond.
A l'image de la dernière scène, Me, Natalie est un film d'une grande liberté de ton pour 1969 et qui va annoncer quelques femmes fortes dans le cinéma indépendant américain.