Buenos Aires, l'immense mégalopole argentine est une ville qui s'étend de façon anarchique, sans cohérence architecturale. Ainsi naissent les « medianeras », ces murs qui se font face mais qui, privés de fenêtres, sont donc « aveugles ». Ces murs qui séparent les individus et créent l'isolement seraient-ils la cause des névroses modernes ? C'est ce que semble penser Gustavo Taretto qui met en scène une « fable urbaine » drôle et malicieuse dans Buenos Aires.

Le meilleur point de départ, le plus simple, le plus efficace, le plus universel, de toute histoire est pour Hitchcock un simple « boy meets girl » (un garçon rencontre une fille). La liste des films qui peuvent être réduits à cet adage passé dans le jargon des scénaristes est inépuisable. Medianeras n'en fait pas partie. Le film de Gustavo Taretto, au contraire, montre un garçon et une fille qui ne se rencontrent pas, bien qu'ils habitent la même rue de Buenos Aires et se croisent souvent. La ville en général et une medianeras en particulier les séparent et, cette fois, le garçon ne rencontre pas la fille.

Portrait de Buenos Aires en créature rampante et aliénante, Medianeras nous présente deux jeunes névrosés, profondément touchés par le stress de la mégapole. Martin ( Javier Drolas) est un webmaster phobique qui quitte rarement son microscopique studio surencombré et passe ses journées les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur, sa seule fenêtre ouverte sur le monde qui lui permet de tout faire, des courses à l'amour. Mariana ( Pilar López de Ayala) est une architecte, qui installe des vitrines « en attendant ». Elle vient de rompre avec son petit ami et de réinvestir son ancien appartement dans lequel elle se réfugie pour se remettre de la rupture. Ces histoires parallèles, qui se frôlent, presque, sans jamais se toucher, sont l'occasion pour le réalisateur de disserter sur la ville, sur son architecture anarchique, ses rythmes effrénés, sur le paradoxe de la solitude au milieu de la foule, le tout avec beaucoup d'humour malgré une certaine tristesse dans le constat.

Car Medianeras est avant tout une comédie romantique, drôle et attachante à l'image des deux protagonistes qui contrairement aux personnages originaire d'Hollywood ne se « reconnaissent » pas au premier coup d'œil, plus réalistes, ils se croisent sans se parler, comme les deux inconnus qu'ils sont. La fin annoncée de cette « fable urbaine » comme la qualifie le réalisateur se réalisera-t-elle? Les héros rattraperont-ils le train hollywoodien en marche pour rejoindre leur « happy end »?
Queen-Bitch
7
Écrit par

Créée

le 8 juin 2011

Critique lue 298 fois

1 j'aime

Queen-Bitch

Écrit par

Critique lue 298 fois

1

D'autres avis sur Medianeras

Medianeras
Xanadu
7

Critique de Medianeras par Xanadu

Par curiosité, j'ai tenté une avant-première d'un film dont je n'avais pas entendu parler. Medianeras, film aux multiples nationalité, présente les vies parallèles de deux célibataires argentins un...

le 25 mai 2011

5 j'aime

Medianeras
Moizi
5

Un peu artificiel tout ça

Si l'idée d'un film qui montre la solitude d'une grande ville, construire qui plus est sans le moindre sens de l'urbanisme et de l'histoire, est une bonne idée. Il faut encore en faire quelque chose...

le 22 mai 2016

4 j'aime

Medianeras
AlexLoos
7

500 dias juntos.

Medianeras. En voilà un nom bizarre pour une histoire d'amour. Medianeras pourrait être traduit par « murs mitoyens » en français. Encore plus bizarre. Une façade qui ne sert à rien, généralement...

le 31 mai 2011

3 j'aime

Du même critique

Des hommes et des dieux
Queen-Bitch
5

Critique de Des hommes et des dieux par Queen-Bitch

Il vaut mieux, avant d'entrer dans une salle pour voir Des Hommes et des dieux, connaître un peu de quoi il en retourne parce que c'est sans détour que Xavier Beauvois nous plonge au cœur d'un...

le 14 sept. 2010

32 j'aime

9

Comment voler un million de dollars
Queen-Bitch
7

Critique de Comment voler un million de dollars par Queen-Bitch

Vous vous souvenez des comédies des sixties, si délicieusement élégantes et hilarantes? Si oui, courez voir Comment voler un million de dollars, si non, zou, séance de rattrapage avec Comment voler...

le 12 juil. 2011

16 j'aime

2

Monsieur Papa
Queen-Bitch
5

Merci, mais non merci.

Le passage à la réalisation de Kad Merad aurait été provoquée par le scénario de Monsieur Papa dont il devait déjà tenir le rôle principal. Ce premier long-métrage raconte l'histoire du jeune Marius,...

le 29 avr. 2011

9 j'aime