JH seul cherche JF seule pour écouter Marvin Gaye et plus si affinités

Je suis allée voir "Medianeras" sans rien savoir du film, ni même avoir vu la bande annonce.
Film argentin, c'est tout ce que je savais.
C'est généralement lorsque mon esprit est vierge de tout a priori que j'apprécie le mieux un film. "Medianeras" ne déroge pas à la règle, j'ai été emballée par ce film que je reverrai avec plaisir. Peut-être même le rangerai-je du côté de ma dvdthèque consacrée aux "films qui font du bien à regarder quand je déprime", entre Bridget Jones, Love Actually et Amélie Poulain.
J'ai conscience qu'en disant ça je décourage à peu près 99% de la gent masculine d'aller le voir.
Pourtant il y a quelque chose de viril là dedans, qui le distingue clairement des autres comédies pré-citées. Sans doute l'omniprésence de la ville et de l'architecture de Bueno-Aires, qui place les protagonistes dans un univers réaliste, loin du kitsch et du fantasme qui me plaisent dans Amélie Poulain.
Et puis c'est un film sur la solitude, et à ce que je sache le sentiment de solitude n'est pas l'apanage des femmes.
L'histoire est simple : on suit un homme et une femme qui ne se connaissent pas, qui on s'en doute s'attendent en secret, et dont les destins ne cessent de se croiser.
Le film est truffé de clins d'œils humoristiques et de symboles, on pourrait s'amuser à tout décortiquer et à établir toutes les correspondances que le réalisateur fait entre les deux protagonistes.
Martin est phobique. Webdesigner, il se cloître chez lui devant son ordinateur, se renfermant dans une vie semi-virtuelle. Son seul vrai compagnon est Susu le petit Westie que son ex lui a laissé en partant vivre aux Etats Unis.
Mariana panique dans les ascenseurs, elle aussi passe l'essentiel de sa vie chez elle au milieu des cartons non ouverts, à parler aux mannequins des vitrines qu'elle décore pour gagner sa vie, rêvant d'exercer son véritable métier d'architecte.
Tous les deux font l'expérience de rencontres décevantes et sans lendemain, les confortant toujours un peu plus dans leur propre solitude. Ils errent dans la ville, déconnectés du monde et de la société, enfermés dans leur bulle onirique dans laquelle ils s'échappent pour ne pas se confronter à la réalité.
Le film est doucement mélancolique, mais aussi drôle et léger, jamais pesant. Il y règne une atmosphère de flottement et de décalage gentiment naïf.
Pour clore cette histoire dans laquelle je me suis beaucoup projetée et reconnue, j'ai eu droit à une de mes chansons préférées de tous les temps "Ain't no mountain high enough" par Marvin Gaye et Tammi Terrell, ici parodiée par Martin et Mariana qui se sont enfin trouvés.
Ô Joie. Emballée, je vous dis !
Isla
9
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le 25 juin 2011

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