J'étais sceptique quant à ce film. D'une part sa note pas très glorieuse. Ensuite Jessica Alba qui me laissait présumer d'une comédie romantique comme je ne les savoure pas tellement.

Le scénario comporte son lot de facilités. L'on pourra surtout tiquer, je pense, sur ce qu'est la définition du bonheur. Mais je n'ai pas trouvé que c'était ce qui importait dans cette histoire ; ce qui m'a plu, c'est justement Bill dans toute sa splendide névrose qui pense trouver un échappatoire en sombrant dans le grouffre de l'image et la façon dont sa perception d elui-même va évoluer. Car oui, pour se sentir bien dans sa peau, il faut passer par le regard des autres. C'est superficiel, mais ce constat me semble malheureusement réel pour tous. Nous parlons différemment en fonction de notre interlocuteur (on ne s'adresse pas de la même manière à son patron, sa compagne, son pote, son ennemi, ...). Bill illustre un monsieur tout le monde qui justement va commencer à se sentir bien à partir du moment où il se fait remarquer par les gens. Evidemment, c'est pathétique : un adulte qui se croit cool parce qu'il traîne avec deux ado et qu'il s'habille mieux, ça donne envie de se flinguer surtout si ça rhyme avec bonheur ultime. Il s epourrait que cette interprêtation n'ait rien à voir avec les intentions du réalisateur, j'en suis conscient, mais ça ne m'empêche pas d'aimer ce film.

Visuellement, nous sommes dans une grammaire comédie indie : c'est-à-dire de la musique indie pop pas trop connue, des acteurs de films indie, une actrice connue qui se reconverti au 'vrai' cinéma, une caméra discrète, un découpage en faveur de l'aspect comique des situations, des moments feel good.

Mais je pense que le plus mémorable, c'est Bill. Ou plutôt Aaron Eckhart qui porte le film sur ses épaules. J'aime bien cet acteur qui a débuté avec Neil Labute. Il s'était fait une spécialité du genre comédie indie jusqu'à qu'il sombre dans les blockbusters... et maintenant il enchaîne des films d'action, thriller, etc. En même temps je peux comprendre qu'il ait besoin de changer de registre pour s'épanouir (surtout que ça paie mieux). Mais bon ses derniers films sont moins intéressants, c'est un fait, même s'il doit s'amuser comme un petit fou à jouer le héros d'actioner. Mais revenons à son travail sur "Meet Bill" : il multiplie les mimiques et n'hésite pas à prendre du poids pour incarner cet être complexé avec une bonne dose d'autodérision et un sens du rythme pour se mouvoir dans l'espace. Aaron est Bill ; il bouffe l'écran. D'ailleurs, les autres acteurs ne parviennent jamais à lui voler la vedette. En même temps, les autres personnages sont nettement plus creux.

Au final, je regrette que ce film n'aille pas plus loin et que les auteurs n'aient pas pu éviter certaines facilités du genre. Peut-être un ton encore plus cynique aurait mieux servi l'intrigue. Mais surtout il aurait fallu que les auteurs soient moins indulgents et compatissants envers leurs personnages. Il aurait fallu qu'ils soient cruels et aillent au fond de choses.

Bref, "Meet Bill" est un film intéressant, mais manque de jusqu'au-boutisme, malheureusement.
Fatpooper
7
Écrit par

Créée

le 12 oct. 2013

Critique lue 595 fois

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 595 fois

D'autres avis sur Meet Bill

Meet Bill
Fatpooper
7

La crise

J'étais sceptique quant à ce film. D'une part sa note pas très glorieuse. Ensuite Jessica Alba qui me laissait présumer d'une comédie romantique comme je ne les savoure pas tellement. Le scénario...

le 12 oct. 2013

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

121 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

115 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

101 j'aime

55