Kechiche restera toujours un cinéaste naturaliste et un brillant directeur d’acteurs. Mais Mektoub, My Love: Canto Due, au même titre que Canto Uno, est une douceur enrobée dans un plastique problématique et superficiel.
On note toutefois quelque chose d’assez nouveau dans le cinéma de Kechiche : un arc vaudevillesque servant de fil rouge. Toujours au centre du film, son personnage alter ego, tel un Paul Dedalus, pose son regard subjectif sur Sète des années 90, entre rêve et réalité.
Encore une fois, cette caméra, aussi artistique soit-elle, s’attarde trop sur les formes des jeunes filles en fleur. Elle confirme un certain fétichisme gustatif et cultive l’importance de l’entourage. Le montage, quant à lui, s’étire, offrant de longues séquences de vie annexes au récit, telles des interludes, mais d’un intérêt parfois discutable.
Alternant fiction vivifiante et contrepoint documentaire, le film apparaît déséquilibré et pesant, portrait d’une jeunesse passée en proie à l’évasion mais trop installée dans sa ruralité. En somme, Mektoub, My Love: Canto Due n'est pas une suite mais variation du premier film. Un nouveau fragment, d’ailleurs meilleur, plus riche de fond mais dépourvu de corps. Un film qui raconte peu, dans un style proche du serial américain.