Pour ce projet de film de bracage alors en vogue pendant cette période (ex : Quand la ville dort, Du rififi chez les hommes, Bob le flambeur, L'Inconnu de Las Vegas, ...), Verneuil collabore une nouvelle fois avec Jean Gabin. Ce long métrage vient clore un contrat 3 film avec la MGM (Le Président, Un singe en Hiver). Le cinéaste voulait Jean-Louis Trintignant pour jouer son partenaire. Mais Alain Delon (reconnu à l'international pour Plein Soleil et Rocco et ses frères) déboulant dans la production émis le souhait de de tourner avec son idole (qui lui a donné envie de faire du cinéma lorsqu'il l'a vu dans Touchez pas au Grisbi quand il était en Indochine). La MGM accepte avec la contrepartie que Delon renonce à son cachet. L'acteur capitalisera au grand étonnement de tous sur les droits du film sur le Japon, l'URSS et l’Argentine.
Ce film est très bien écrit. En même temps Godard (déjà l’œuvre sur Un singe en Hiver) est un génie dans l'écriture des dialogues. Les décors sont classes. Ils témoignent de l’opulence des Trente Glorieuses (grands ensembles de Sarcelles, Côte d'Azur à Cannes) en train de changer profondément de le paysage de l'Hexagone. Ces environnements sont par ailleurs super bien exploités (ex : l'ouverture avec Gabin marchand médusé à Sercelles accompagné du générique, l'introduction du personnage de Delon dans un appartement à l'étroit pour lui). Le climax sur la baignade transpirant de suspens avec l'utilisation réfléchie de son décor se termine d'une fin particulière là où ne l'aurait pas forcément attendue (comme dans Le Trésor de la Sierra Madre et L'Ultime Razzia). Je note aussi que la musique de Michel Magne est jazzy (à l'américaine).
Gabin (M. Charles) est impeccable comme d'habitude. Face à son père spirituel, symbole d'une nouvelle génération d'acteur Delon (Verlot) s'affirme. Maurice Biraud (Louis Naudin) livre une prestation aussi juste apportant un peu de nuance dans ce braquage. On doit même Jean Carmet en barman.
Naturellement ce film de genre du moment a cartonné à l'international. Ce succès ouvrira les portes à Verneuil pour le cinéma américain avec peur de temps après la réalisation de La Vingt-cinquième heure sorti (1967) et La Bataille de San Sebastian (1969)