Quand le film est sorti en France en 1989, il s'appelait Sea of Love, du nom de la chanson composée par Phil Philips en 1959 et reprise ensuite par de nombreux artistes ; quand j'avais vu le film sur Canal + au début des 90's, il s'appelait encore ainsi, et puis un jour on a décidé de lui donner un titre français : Mélodie pour un meurtre. Je trouve que le titre original est bien meilleur car il fait référence à cette chanson qui est la clé de cette intrigue policière.
Ce polar ancré dans une réalité sociologique, dénonce au passage une société génératrice de solitudes puisqu'il est question de petites annonces destinées à trouver l'âme soeur, mais c'est avant tout un thriller sensuel à la mécanique bien huilée, à l'intrigue captivante et au suspense bien dosé, disposant d'une mise en scène élégante et pleine de vigueur, le réalisateur parvenant à créer une atmosphère inquiétante, mais presque essentiellement basée sur son duo d'acteurs, d'où un érotisme troublant de la part de Al Pacino et Ellen Barkin, tous deux donnant à leurs personnages profondeur et ambiguïté au sein d'une série de meurtres de maniaque sexuel.
L'atout majeur du film est cette relation tendue et mystérieuse qui s'établit entre Pacino qui campe un flic à la dérive, au visage marqué et à la mine fatiguée, trainant ses félures et sa vulnérabilité, et Barkin qui joue une suspecte énigmatique et à la sensualité ravageuse, car elle affiche ici une silhouette extrêmement sexy, aux airs de séductrice qui provoque et vampirise les autres avant de révéler ses faiblesses. La sensualité des scènes électriques qu'ils ont ensemble ajoute un petit côté coquin 2 ans avant Basic Instinct.
Le grand Al marquait ainsi son grand retour à l'écran après être resté 3 ans sans tourner, suite à l'échec du film Révolution en 1986 ; j'aime particulièrement son personnage dans ce film, avec sa gueule de décavé qui a une étrange similitude avec le Stallone de l'époque (sans doute due à ses cheveux et sa nonchalance), son air de gars perturbé par l'ardent désir de séduire une éventuelle meurtrière et celui de ne pas se laisser prendre à son propre piège. N'oublions pas non plus la présence toujours à la fois drôle et rassurante de John Goodman.
Un bon thriller, à demi oublié aujourd'hui, bien injustement.

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le 21 févr. 2018

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Ugly

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