Trois hommes en noir et un retour gagnant

Les célèbres hommes en noir reprennent du service. L’organisation internationale et secrète qui contrôle les allées et venues des extraterrestres sur notre bonne vieille planète Terre n’avait plus donné signe de vie depuis l'enthousiasmant premier épisode de 1997 et sa suite de 2002, un peu fatiguée.

Le retour pourrait être paresseux, un « coucou c’est nous » et les billets sont empochés. Pour cette nouvelle suite, l’opportunisme cynique s’efface en partie au profit d’un véritable travail de fonds, cherchant à approfondir la relation entre J et K sans sacrifier les recettes de la saga.

Men in Black 3 reste bien sûr cette grosse licence à effets spéciaux, avec sa vilaine menace bien méchante et ses gentils défenseurs de la Terre. Une fois de plus, les activités moins musclées de l’agence sont à peine présentes, les promesses aperçues dans le premier resteront mortes nées. Au risque parfois de faire croire que J et K ne sont que des pistoleros au service de la planète Terre, alors qu'il y a tout un monde encore mal présenté. Leur adversaire est Boris l’animal, un criminel dangereux et méchant, enfermé dans une base secrète de la lune, où il ne reste pas longtemps quand le métrage commence. Hirsute, costaud et mortel, c’est une brute mais qui a obtenu pendant sa détention une précieuse information, qu'il va utiliser pour remonter le temps.

Il fait ainsi disparaître de la chronologie K, son principal ennemi, qui l’avait capturé en son temps. Seul J se rappelle de son ancien partenaire, complètement effacé. C’est grâce aux rares informations qu’il a sur lui qu’il peut remonter la piste du mystère, et revenir à la période où Boris l’animal et K se sont affrontés, en 1969. J rencontre un K plus jeune, à la fois proche de celui qu’il connaît, mais aussi plus humain, plus sympathique, moins écrasé par ses responsabilités. Toujours taciturne et méfiant, mais aussi ouvert à la plaisanterie et aux quelques plaisirs de la vie. Les deux font donc équipe, pour interférer sur les plans futurs et passés des deux Boris, celui de 1969 et le deuxième du futur.

Pour empêcher la mort de K dans le passé, le film adopte quelques touches d’enquête, puisqu’il faudra réfléchir sur les évènements qui mènent à reculons sur celle-ci, un chemin parsemé de quelques morts mais aussi de rencontres pour autant d’indicateurs voire d’amis. Les quelques rencontres avec Boris ou d’autres entités moins sympathiques se feront aussi sur quelques notes d’action, dont une confrontation finale sur la rampe de lancement d’Apollo 11, amusant choix historique qui a ouvert au monde une fenêtre sur l’espace.

Men in Black 3 garde aussi cet humour assez ironique, généralement exprimé par J le taquin sur les évènements surnaturels auxquels lui et K font face. Il va en user sur ce 1969 si proche mais aussi si différent, et notamment ironiser sur la place des noirs à cette époque, sans que cela ne fasse fausse route, chapeau. Mais une fois le « jeune K » découvert, la relation change, J, conscient de la finalité tragique qui l’attend, doit à la fois convaincre son partenaire mais ne pas lui en dire trop, adoptant une réserve et la grinchonnerie de ceux qui en savent trop, une belle inversion de situation sans pour autant qu’elle ne soit trop forcée.

Chaque film avait abordé un pan du passé de K, mais celui-ci plonge dedans, littéralement. Le « jeune K » semble un prémisse de celui qu’il deviendra, mais aussi la promesse d’être quelqu’un d’autre, plus décontracté. Dans le présent, J s’inquiétait du caractère taciturne de son partenaire, il le découvre sous un autre jour, professionnel mais plus humain. A la conclusion du film lui et le spectateur comprennent mieux le personnage. Le film adopte même un rebondissement amer et surprenant mais bien vu, qui vient modifier le regard sur la relation entre les deux agents dans le premier Men in Black.

Les deux personnages en deviennent plus que jamais inséparables, entérinant que Men in Black c’est J et K, c’est Will Smith et Tommy Lee Jones. Pourtant, ce dernier n’apparaît que pour quelques scènes, vieilli mais malgré tout qui reste cette force de la nature, sur laquelle il est difficile d’avoir prise. Will Smith est à l’affiche, c’est lui qui a le beau rôle, ce qui l’aide à se montrer bien plus impliqué et crédible que dans le deuxième. Il partage tout de même une partie du film avec Josh Brolin, en jeune K, qui lui aussi fait une composition remarquable, à la fois proche de ce que pourrait être Tommy Lee Jones en plus jeune mais aussi distinct, avec un côté un peu plus piquant. Difficile pour Jemaine Clement d’exister sous le maquillage de Boris, mais il y a encore un certain nombre d’acteurs très impliqués dans le film, dont il est difficile d’oublier Michael Stuhlbarg pour le sensible et farfelu médium Griffin.

Il y a cette volonté de bien faire qui ne réside pas que dans la direction de ses comédiens, mais aussi dans l’expression de ce monde, entre décors refaits et effets spéciaux. Quelques incrustations numériques jurent tout de même, mais ce ne sont que quelques plans. Rick Baker revient donner son légendaire coup de pattes sur la série, recréant une multitude d’aliens parfois bien cachés dans les plans. En revenant dans le passé, ces créatures offrent des looks de vieille série B des années 1950 assez réjouissants.

Il y a ainsi tout un travail minutieux pour recréer cette année 1969, dans les costumes, les coiffures, les voitures, sans virer à la parodie psychédélique. Quelques décors sont refaits dans le jus de ces temps, avec la célèbre foire de Coney Island, la Factory de Warhol, la base de lancement de Cap Carnaveral, ou le QG des Men in Black de cette époque, très retro futuriste. Le film s’amuse même avec leurs accessoires, dont des versions bien moins efficaces que celles des Men in Black modernes, comme cet énorme neurolyzer échappé d’un vieux film de science-fiction.

Les Hommes en noir reviennent, et de quelle façon ! Même si c’est Will Smith qui est le moteur, Tommy Lee Jones et Josh Brolin n’ont rien à lui envier. Le scénario d’Etan Cohen tient la route, sachant créer un suspense autour du meurtre potentiel de K, sans oublier d’alterner scènes plus mouvementées et moments de calme, malgré une menace peu charismatique. Ce retour dans le temps n’est pas si gratuit, car il permet aussi de redéfinir et de consolider les relations de ce duo devenu phare de la pop culture.

Il y a probablement encore de nombreuses histoires de l’agence des Men in Black à raconter, attendant la bonne idée et les bons acteurs pour succéder à cette trilogie qui aura marqué son temps et dont il reste encore quelques pistes à exploiter. Mais la présence écrasante de J et K est difficile à faire oublier, comme l’a prouvé le fade Men in Black International


SimplySmackkk
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le 13 avr. 2023

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