Odette Joyeux est une petite provinciale pauvre arrivant à Paris pour y faire des ménages. Le hasard lui fait rencontrer successivement trois Ludovic nés le même jour.
L'argument est saugrenu, introduit un ton de comédie -d'autant que c'est Julien Carette qui commente- avant de s'engouffrer dans un méli-mélo sentimental assez stupide, suivant un scénario et des péripéties souvent grotesques. Anne-Marie pourrait être séduite tour à tour par le gentil ingénieur Ludo (Bernard Blier), le beau voyou Ludovic (Jean Chevrier) et le cynique autant que riche patron Ludovic (Marcel Herrand).
Le film est bête, mal écrit autant que mal construit, qui semble vouloir faire du personnage d'Anne-Marie une sorte de Rastignac au féminin en dépit de la pauvreté romanesque du sujet. Odette Joyeux joue sans conviction une figure futile, sans la moindre étoffe, face à des soupirants purement théoriques qui n'incarnent rien d'autre que des valeurs morales et humaines disparates. On imagine bien que l'héroïne devra faire un choix parmi elles.
Jean-Paul le Chanois, tenté par le mélo, est incapable de nous indiquer si Anne-Marie est une garce ambitieuse ou une gentille fille candide. On sort du film sans le savoir tant le personnage est indéterminé. Ce n'est pas une ambiguïté voulue, c'est juste un reflet de la légèreté de l'écriture.
Plus anecdotiquement, faire de Carette, l'employeur insignifiant d'Anne-Marie, le narrateur est une bizarrerie ; tandis que pour finir, le petit rôle dévolu à Jules Berry -qui fait caricaturalement du Jules Berry- relève sans doute du procédé commercial.