C'est le coeur battant au rythme de la batterie de Lars Ulrich que je me suis rendu à l'avant première parisienne de Through the Never et découvrir en compagnie de deux membres du groupe mythique le "concert scénarisé", si je puis l'appeler ainsi, de Metallica.

Je n'épiloguerai pas sur l'ambiance chaleureuse et survoltée de la soirée pour me concentrer sur le film, réalisé par Nimrod Antal (le même qui avait commis l'outrage Predators en 2010 avec Adrien Brody). Donc qu'est-ce que Through the Never?

Comme dit plus haut, on pourrait le qualifier de concert scénarisé du groupe légendaire. Une sorte de mix entre le live filmé et une histoire fictive se déroulant en parallèle du show. Si sur le papier, ce projet hybride pouvait intriguer, voire même laisser rêveur...Dans la pratique, c'est malheureusement un peu différent.

Mais commençons plutôt par LA bonne chose de ce film (et ce pourquoi finalement on va le voir): le concert est quasiment parfait. Le groupe réinterprète ses plus grands classiques, de Master of Puppets à Enter Sandman, en passant par l'inévitable Nothing Else Matters, sur une scène à moultes effets pyrotechniques, moultes accessoires grandiloquents symboles du quatuor (les cercueils suspendus ou les croix émergeant du sol rappelant la couverture de Master of Puppets). Techniquement, le métrage fait plaisir: le son est d'excellente qualité, la 3D favorise l'immersion dans cette cohue de fans déchaînés (bien qu'elle ne soit pas indispensable, une nouvelle fois). Bref, le fan des Four Horsemen sera aux anges, battant la mesure de la tête ou du pied; et le néophyte désireux de découvrir le groupe en prendra plein la face avec ces nouvelles interprétations que j'ai trouvées, pour ma part, parfois un poil meilleures que les originales versions studio (en particulier pour Hit the Lights).

Si on devait évaluer uniquement ce concert, le film aurait avoisiné la note parfaite (encore une fois, je le précise, pour quelqu'un qui n'est pas hermétique au groupe, cela va de soit). Seulement voilà: les quatre métalleux, aidés par Nimrod Antal, ont voulu incorporer une fiction à tout ceci...et là c'est le drame!

La partie fictive (heureusement beaucoup moins présente en terme de temps que la partie concert) nous narre les péripéties de Trip, jeune roadie du groupe interprété par Dane DeHaan (l'anti-héros de Chronicles) qui devra, alors que le show bat son plein, aller récupérer un "truc" (je cite le technicien dans le film qui le lui demande) pour le groupe. Notre sympathique (bien qu'un poil agaçant...oui je  n'ai pas aimé Chronicles...) héros va alors se heurter à des situations bien inhabituelles sur le chemin le menant au précieux totem...

Avec un pitch d'une telle simplicité, on aurait pu penser que mener cette histoire à bien était chose aisée mais Nimrod Antal, après le massacre de Predator, nous prouve que non. Les scènes d'histoire sont déjà excessivement courtes, le plus souvent sans aucun dialogue, servant juste de lien entre deux chansons. Ça ne laisse guère le temps pour développer, si ce n'est le personnage, en tout cas les évènements, plutôt graves (voire même TRES graves) auxquels il sera confronté. Les scènes chocs commencent donc à s’enchaîner, saupoudrées d'effets spéciaux sujets à discussion et on attend...on attend le moment où on saura le fin mot de tout ceci...on attend le moment où on saura quel est ce "truc" si utile au groupe...on attend le moment où toutes ces séquences incohérentes, sans lien logique parfois entre elles, vont alors s’emboîter et faire la lumière sur Trip et toutes les bizarreries dont lui (et nous spectateurs) avons été témoins....

.....et alors arrive le générique de fin (Orion pour les connaisseurs du groupe)....

...et il ne reste que la frustration. Si les premières scènes nous font nous interroger, voire même nous attacher à Trip, la suite du film ne fait que plonger le spectateur dans une perplexité totale, aussi totale que son incompréhension. Est-ce une métaphore? Pourquoi tel ou tel évènement se passe? Est-ce un film de science-fiction? Les raccords et le montage (parfois habile pour les chansons ceci dit) ne font que déstructurer une histoire qui tenait sur des bases pas fondamentalement solides. Un peu comme une construction de Lego qu'on essaierait de finir avec des MegaBlocks.

C'est donc avec un sentiment mitigé que l'on sort de la projection. Certains loueront le groupe d'avoir tenté quelque chose de nouveau, certains critiqueront, prétextant qu'un simple concert live filmé aurait été bien mieux, chacun verra midi à sa porte. Et s'il est évident que le cinéma n'est pas leur fort, nul ne pourra nier la force et la puissance que dégage le son du crew de James Hetfield encore aujourd'hui, et c'est finalement le plus important et ce que l'on retiendra de Through the Never. 

Hell Yeah!
Jean-Noël_Honta
6

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le 9 oct. 2013

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