... peut-on lire sur des pancartes dès que l'on entre dans ce département champenois rural par des routes. Ça semble être emprunté de l'ironie lorsque l'on regarde ce film tourné en majorité à Saint-Dizier, sous-préfecture haut-marnaise filmée souvent de nuit dans des rues ténébreuses et endormies éclairées par la triste luminosité des ampoules au sodium des lampadaires. Bonsoir l'ambiance !


Hubert Charuel, natif de la région et coréalisateur avec Claude Le Pape, nous livre une histoire d'un trio d'amis habitant dans la ville bragarde et dont les deux tiers zonent à faire les quatre cents coups, entre fiesta, beuverie et plan pourri. Le plan pourri de trop impliquant une conduite alcoolisée et au stupéfiant ainsi qu'un vol d'un chat, amène deux des amis, Mickael et Daniel, devant la justice qui décide de les mettre à l'épreuve de rester sobre en plus de trouver un emploi. Pour s'en sortir, ils demandent à leur ami commun, Tony, chef d'une entreprise bétonnière, de les embaucher.


Le film focalise surtout sur Mickael et Daniel qui sont un peu le yin et le yang entre eux ; le premier tient vraiment à s'en sortir tandis que le second résiste mal à ses addictions et se met en danger de plus en s'enfonçant davantage dans le déni de sa santé déclinante. De quelques scènes où l'on rit parfois par des répliques qui allègent l'ambiance, la gravité s'instaure progressivement au point que l'amitié entre les deux jeunes frôle un point de rupture. On souhaite le mieux pour l'un tandis que l'on a envie de lâcher le second devenant de plus en plus lourdingue et toxique, restant dans son immaturité. C'est sans compter sur l'amitié forte de Mickael envers son ami, ce qui aide à maintenir la compassion envers ces deux paumés (et particulièrement Daniel qui est souvent pénible par son attitude) qui veulent quitter une région mal aimée apte à recueillir les enfouissements de déchets nucléaires dans lesquelles travaille Tony, le troisième ami qui vit d'une bonne situation, risquant malgré tout de tout perdre en faisant travailler illégalement ses deux potes, avec une crainte venant du spectateur que le drame gravissime pourrait arriver.


Une région mal aimée (que je connais), pour reprendre plus haut, qu'Hubert Charuel a filmé avec un certain amour dans cette partie de la Haute-Marne qui lui tient à cœur (lu dans le générique de fin). Je n'attendais spécialement pas grand chose de ce film, si ce n'est d'être sorti de la salle en étant un peu plus indulgent vis à vis d'une jeunesse désœuvrée malgré un côté quelque peu tête à claques, dans cette diagonale du vide que l'on cherche plus à fuir qu'à rester et donnant une image peu flatteuse à une grande partie de notre pays.




Météors est une bonne histoire d'amitié filmée, avec une ville de Saint-Dizier en fond et dont la tour de l'ancienne usine Miko, lieu d'évasion nocturne et d'élévation des trois amis, se dresse tel un phare symbolique dans les nuits bragardes (l'endroit est devenu un cinéma et un musée dans les années 2000). C'est une bonne histoire faisant aussi un détour dans le pays dervois à proximité lors d'une belle séquence finale qui peut porter à une belle réflexion, celle, par un bel acte, de trouver le sens de rester plus beau que de partir dans une autre région semblant plus avenante.


Un film qui se révèle touchant au final.



MonsieurScalp
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le 23 oct. 2025

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MonsieurScalp

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