John Cassavetes colle à la peau
Quand on pense à John Cassavetes, on pense forcément aux quelques apparitions qu'il a pu faire en tant qu'acteur, mais on pense surtout à ses films en tant que réalisateur. Fabriqués avec trois francs six sous, il a toujours réussi à dépeindre une facette bien spécifique de la nature des losers. Passionnés par ceux qui ne vivent pas dans la lumière du bonheur ou du soleil, ces monstres que la société préfère oublier sont toujours au cœur de sa filmographie.
Ici, c'est Ben Gazzara qui joue un tenancier d'une revue un peu coquine, un peu fancy, un peu sophistiquée. Mais il est endetté et va devoir aller encore plus profond dans la noirceur de la nuit.
On retrouve les mêmes acteurs, les mêmes lieux, les mêmes ambiances crasseuses et malsaines, à la limite du réel. On erre dans des ruelles mal éclairées, on prend des taxis presque trop louches pour être véridiques, on regarde des visages marqués par les années 70 et on comprend pourquoi il filme toujours aussi près des visages. Sans doute pour dire au spectateur qu'il est avec Vittelli mais qu'il n'est pas lui, pour lui donner à voir le monde comme lui le voit. Filmer aussi près, avec autant d'immersion dans l'esprit du personnage, avec une caméra rarement loin du protagoniste, donne l'impression de vivre sa chute.
Une immersion sauvage et tendre dans la vie d'un low life passionnant.