Millénium - Les hommes qui n'aimaient pas les femmes par Feedbacker

Il aura fallu attendre que David Fincher fasse un remake de Millenium pour que je commence à m'intéresser un tant soit peu à cette saga. Jusqu'alors, entre l'esthétique des affiches, l'histoire - contant une énième sombre enquête policière -, le nom-même de la saga, ou encore ses sous-titres pseudo-énigmatiques à rallonge, tout ça ne me bottait pas.
Finalement, en bon fanboy de Fincher, je me suis minablement résigné à aller le voir. Et ce malgré une durée de film (2h40 s'il vous plaît) assez effrayante.

Finalement la durée ne fut pas un problème, bien au contraire, le rythme est particulièrement bien tenu.
On alterne dans un premier temps les mésaventures respectives des deux protagonistes, en les développant juste assez pour que leur rencontre soit attendue : d'un côté on a un journaliste suédois (qui parle en anglais avec un bon accent british - oui parce que ça se passe en Suède, mais ils parlent tous anglais, ça à la limite on s'en fout, mais pourquoi avoir fait en sorte qu'ils aient tous un foutu accent scandinave, à part lui ?!), interprété par un Daniel Craig plutôt fade et peu mémorable.
Rooney Mara, sa partenaire féminine, fait au contraire mouche dans son rôle de jeune fille rebelle gothique hackeuse prodige qui s'en prend franchement plein la gueule au début - sans que ce soit toujours justifié, d'ailleurs.
Cette cohabitation improbable enquête sur la disparition d'une jeune fille dans les années 60, issue d'une famille de riches industriels (accessoirement des anciens nazis, tous sympathiques et chaleureux). Ils suivront la piste d'un tueur en série ayant trucidé pas mal de jeunes filles du coin, pour des motifs mystiques.
Les rouages de l'enquête sont certes classiques mais Fincher tient le rythme, prend son temps pour détailler et installer un suspense ; surtout dans cette scène où - sans trop spoiler - ils s'approchent de la révélation, et que la musique de Reznor & Ross met dix minutes à faire monter la pression, doucement, jusqu'au silence absolu qui tend le fil au maximum.
C'est bien mené, dans l'ensemble.

Il faut admettre que Fincher était un très bon choix pour un scénario pareil. On pense à The Social Network pour les échanges de répliques rapides et presque mécaniques au début du film, l'absence de temps morts, la prise de vue froide et détachée, très maîtrisée, tout en finesse. L'ambiance-même du film, cette dimension "digitale" qui régule chaque plan est quelque chose d'acquis chez le cinéaste.
Et on pense évidemment à Seven, à partir du moment où Fincher fait un thriller sur un meurtrier illuminé qui tue au nom de Dieu. De même, on retrouve cette teinte orange et cette ambiance tamisée de ses premiers films...
En fait son style est tellement omniprésent et rabâché dans le film qu'il ressemble à une sorte de synthèse de ce qui fait son cinéma. Pas dans le bon sens de la chose, mais plutôt dans l'idée qu'il mélange sans saveur des ingrédients déjà connus. Reste une enquête somme toute haletante, on ne regarde pas trop sa montre (un exploit), et c'est un divertissement très satisfaisant. Mais il laisse l'impression d'un simple film de commande pour Fincher et Reznor (appelons ça une équipe) qui semblent presque s'auto-parodier.

Note : on y fait de la bonne pub pour McDo, Coca et Apple, au passage.
Note 2 : subtile référence à Nine Inch Nails.
Feedbacker
7
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le 20 janv. 2012

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