Il y a des films qui, dès leur annonce, semblent déjà être un geste de production obsolète. Le problème avec Minecraft, réalisé par Jared Hess, avec Jack Black et Jason Momoa, c'est qu'il l'assume et prendra tout du long son spectateur pour un con.
On croyait pourtant en avoir fini avec l’idée de transposer les jeux vidéo à l'écran, surtout en live-action. Mais non : Hollywood, encore une fois, a confondu popularité et récit, liberté et structure, terrain de jeu et scénarisation. Le résultat, visible dès les premières images, tient moins du film que du produit, englué dans les codes d’un cinéma familial sous perfusion algorithmique.
Ce qui frappe d’abord, c’est ce refus du "temps". Là où le jeu Minecraft repose sur le silence, l’ouverture, l’absence de but, le film se précipite à combler. Il veut tout expliquer : ce qu’est un bloc, pourquoi creuser, où aller, qui affronter. Chaque minute de flottaison est comblée par un gag, un dialogue, une ligne directrice. L’univers, pourtant si poreux, devient uniquement décor. Le spectateur n’explore plus : il suit. Il consomme un monde.
Et cette volonté de guider, d’encadrer, produit une double violence : sur le spectateur et sur l’univers vidéoludique lui-même. Car Minecraft, ce n’est pas seulement une esthétique faite de cubes et de textures réduites : c’est aussi une invitation à construire sans autorisation, à faire récit sans intrigue.
Le film, lui, écrase tout sous le poids d’une narration balisée, faite de portails magiques et de personnages sans caractérisation consistante, de quêtes déjà vues et de méchants sans épaisseur. L’imaginaire devient pastiche, et le monde, pourtant infini, se referme sur quelques vannes et un scénario fatigué.
Jack Black et Jason Momoa ne semblent jamais croire à ce monde qui les entoure, et pour cause : il est mal intégré. L’animation CGI (moche) et les prises de vues réelles cohabitent sans jamais fusionner.
Ce que Minecraft, le film, trahit fondamentalement, c’est une idée du cinéma comme espace à ouvrir. Le film ne rêve pas, il valide des tableaux Excel. Et le spectateur, qu’il soit joueur ou non, le sent confusément.
Que le jeu ait été mal compris n’est pas le problème. C’est plus que le film ne comprend rien à la fiction elle-même. Une occasion manquée.