Pour revenir sur une critique plus sympathique, je me suis rematé un vieux Spielberg, ceux de mon adolescence, des années 2000. Et celui- là, quel régal !
Clairement dans les posters partout à sa sortie, une bande- annonce assez excitante, et la première collaboration entre deux mastodontes de l'industrie du ciné ricain, en l'occurence Mister Spielberg et Mister Cruise.
Une adaptation très libre de la nouvelle de Philip K. Dick Minority Report dans les mains de ces grands artistes du 7e art, et quel est le résultat de leur première collab. Pour son 20e anniversaire, le revisionnage fait énormément chaud au coeur.
Un beau et grand film de science- fiction hollywoodien dans l'une des périodes les plus créatives de Spielberg himself et probablement la plus intéressante de la carrière de Cruise, Minority Report illustre très bien comment il surclasse la concurrence à bien des films de science- fiction après lui.
Froid, symbolique, noir, cérébral, orientant vers un thriller à la De Palma ou Hitchcock, tout à la gloire d'un Tom Cruise, profondément assez déprimant sur la société futuriste, et dôté d'un scénario assez habile à nombreuses mains expertes (Cohen, O'bannon et bien d'autres sont passés dessus), Minority Report est incroyable à plus d'un titre.
Souvent mal considéré par rapport aux illustres Soldat Ryan ou La Guerre du mondes, cette belle réflexion, passionnante sur le post- 11- septembre, sur la vérité et la manipulation des images est encore plus d'actualité avec les smartphones et les réseaux sociaux de nos jours, qui nous enferment dans nos bulles. La description d'un futur proche, toujours plus préventif et sécurisé, est vraiment un des meilleurs dans la matière, et les scènes de bravoure et cultes s'enchaînent à une vitesse folle, avec un rythme et un découpage parfaitement maîtrisé : que ce soit l'intervention incroyable d'intensité du precrime dans les toutes premières minutes, la découverte du crime, ou encore les scènes d'action dantesques, jusqu'à la fin méta au possible aussi déchirante que nihiliste, on tient la un diamant brut de la filmographie de Spielberg.
On voit bien aussi l'intention de Spielberg de se plier à ses maîtres du polar et du film d'enquête hitchcockien, mais aussi du ton résolument noir, voire quasi- désespéré et nihiliste, où toutes les institutions sont remises en cause (cela tient probablement au fait que Spielberg faisait une énorme dépression nerveuse à ce moment- là suite à la réception très mitigé de A.I), et où la vérité n'est jamais vraiment admise.
C'est d'ailleurs là- aussi où comme tout bon film de Tonton Steven, les qualités techniques sont ahurrissantes pour un film du début des annés 2000 : tout semble pratique, à porter de main, la photographie est splendide tout en froideur clinique, la couleur est elle- aussi superbe avec ses teintes bleutés, le montage est parfait, les cadrages sont souvent très bien amenés, le tout enrobé de scènes à couper le souffle : pour ma part je retiens la course- poursuite dans les bagnoles dans les airs, la scène des spiders avec les nouveaux yeux, ou encore les fameux souvenirs d'un passé heureux. Bref, la mise en scène est splendide, aux petits oignons.
Là où Minority Report est encore une fois au- dessus de nombreux films de science- fiction, c'est aussi toute sa sensibilité et son ton très mélancolique. Rarement j'ai été aussi peiné par le destin tragique du héros, John Anderton, accro aux médocs, aux souvenirs de son fils perdu, ainsi que de sa vie d'avant, ne pouvant échapper à son destin. C'est donc un film à la fois riche en termes d'action et de thèmes abordés, mais aussi d'enjeux émotionnels beaucoup plus profonds que l'on croit.
Minority Report nous plonge dans un 2054 plausible avec toutes les dérives que l'on connaît et toute une fin aussi belle que discutable avec beaucoup de pistes, mais dans une noirceur fantastique et un ton aussi intriguant que repoussant. Un grand film culte de science- fiction, à revoir immédiatement. Un des plus grands films de Tonton Spielberg, et dieu sait qu'il en fait des bons. Celui- là, je le place dans un de mes préférés du cinéaste.
Peu, Tonton Steven et Tom Cruise collaboreront une nouvelle fois avec un autre grand film un peu oublié, La Guerre des Mondes en 2005, et puis de Spielberg de plonger définitivement dans la noirceur la plus totale avec Munich peu après. Avant le fameux Indy 4...