Apocalypse Mania
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De toute évidence, ce qui saute aux yeux n’est pas seulement le mauvais ricochet de ce projet ambitieux et loin d’être inintéressant, c’est bien ce qu’on en fait et ce qu’on en garde. George Clooney nous a promis de belles choses, en jonglant devant et derrière la caméra, notamment avec « Good Night, and Good Luck. ». Mais il se trouve là, à dériver à côté d’une œuvre qui le dépasse certainement et que l’on regrettera de la voir si fébrile et si inaboutie, que ce soit sur le plan émotionnel ou narratif pour ne citer qu’eux. Et le support ne sort pourtant pas d’une constellation éloignée ou d’une planète inconnue, il nous vient du roman de Lily Brooks-Dalton qui semble dégager une aura particulière, que l’on peine à transposer à l’écran. Il existe toutefois quelques moments contemplatifs à sauver, mais sans la symbiose avec son univers, il serait difficilement concevable de lui accorder notre pleine approbation.
Entre le déclin de la Terre et l’espoir qui revient du bout de la galaxie, Augustine Lofthouse s’enferme dans une forteresse de solitude. Au cœur même d’un habitat où la vie se fige, l’homme puise dans ses souvenirs dont il ne parvient pas à s’émanciper. Tout comme sa planète, il s’étouffe dans ses regrets et tout le monde en paie le prix. Mais ce message écologique n’est que survolé. Au-delà de cette fatalité, il s’agit d’une aventure humaine, que le film ne la mène pas avec beaucoup de pertinence, car reste décousu dans son ensemble. Ce que Clooney insuffle au personnage permet malgré tout s’empoigner ses enjeux assez rapidement. Malheureusement, ils se révèlent assez faibles pour qu’on prenne le temps d’en exploiter tous les aspects. En passant par plusieurs états dans sa croisade et son évasion mentale, il court et nage à contre-courant de ses ambitions. Ce qui lui reste d’humanité, il finit tout de même par le mettre au service d’un avenir où il n’aurait plus sa place.
Sa rencontre de fortune avec une petite fille, un peu trop muette, ne semble pas faire avancer davantage le récit car ce qui devrait rythmer le tout ne devient que passivité excessive. Les quelques moments de tensions ne sont plus qu’artificiels, comme toutes les références qu’emprunte le film. Ce qui a déjà été vu, revu puis rabattu ne peut servir correctement un récit d’une telle ampleur, car il se garde bien de répondre à nos interrogations avec la passion qu’il convoite, en vain. Rien qu’en se concentrant sur l’immersion ou la fantaisie qu’on nous recommande, le film coule sur de nombreux aspects, à commencer par cette balade enneigée qui ne trouve pas de frissons. Quant à l’arc spatial, les clichés visuels s’alignent et ne misent que sur son design dépourvu de sens pour séduire des regards déjà plus craintifs pour ce qu’il reste à parcourir avant le dénouement. Il faudra patienter un moment avant que l’intérêt ne revienne nous bousculer, ne serait-ce qu’un instant, en introduisant l’astronaute Sully Rembshire (Felicity Jones), qui justifiera tout le combat mental d’Augustine, au cas où personne ne l’avait déduit d’avance…
Ce n’est ni la première, ni la dernière réalisation manquée de Clooney, mais il n’a jamais été aussi proche de la niaiserie avec son « Minuit dans l’univers » (The Midnight Sky). On pouvait déjà le lui reprocher avec « Bienvenue à Suburbicon », mais ce dernier trouvait plus de stabilité dans l’écriture de ses personnages. Ici, pas ou peu de profondeur. Il n’y a que des sacs de peau qui se déplacent, sans savoir à quelles forces ils sont soumis. Et ce que l’on confond avec légèreté, ou encore l’empathie, passe par l’ironie d’une chanson mal placée. Le choix est à la fois effronté et n’offre absolument pas le développement nécessaire pour faire exister des personnages, dont tous les raccourcis sont permis afin de les caractériser. La pauvreté du décor et des choix artistiques se dégage de bout en bout, sans qu’il y ait une once de fascination pour une intrigue qui admet bien trop de vides pour convaincre. Les projets les plus ambitieux ne lui semblent pas encore accessibles et il faudra certainement patienter encore un peu avant de revoir le cinéaste au sommet de son art.
Créée
le 25 déc. 2020
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