Le partage de l'amour parental

Ce film a pour thème la petite enfance, et en particulier le bouleversement de l’arrivée d’une petite sœur dans la famille. Kun, un petit garçon, fera l’apprentissage de ce nouveau statut de grand frère, en traversant de nombreuses crises de jalousies qui le propulseront vers un monde onirique où le temps est distordu et où il pourra rencontrer ses proches sous un autre angle de vue.

Pour commencer, l’histoire est tout simplement sublime, empreinte d’une poésie fabuleuse, et parée d’une dimension fantastique maitrisée, c’est un réel plaisir que de le visionner. Les personnages sont fins, très bien définis, très justes. Kun est parfois très attachant, parfois insupportable, comme le serait un véritable petit garçon de son âge. Le film ne semble faire aucune concession pour rendre un personnage plus attachant qu’il ne devrait l’être, et pourtant la justesse de leurs définitions opère et nous convainc. La musique est très soignée. L’animation est comme souvent dans le cinéma nippon, admirable.

En ce qui concerne les défauts, certains tableaux sont un peu trop poussifs, je pense notamment à celui des poupées que papa oublie de ranger. La séquence est longue et un peu trop absurde. La séquence finale avec le bouquet onirique est un peu trop « numérique ». Tous ces entrelacs de lignes multicolores qui représentent l’arbre de la famille ne sont pas la bonne image pour cette métaphore. Ici, le rendu est trop "prise de tête", et bien moins subtil que tout le reste de l’œuvre. C’est un parti pris qui ne m’a pas convaincu. Certains aspects sont aussi un peu incompréhensibles pour moi, par exemple le fait que le chien de la famille devient un être humain dans les errances de Kun. Cela n’était sans doute pas nécessaire. Pourquoi faut-il que tout se rapporte à l’image subliminale de l’homme, comme si nous étions l’exemple universel de l’intelligence ? Un chien qui parle par télépathie aurait été plus pertinent, je crois.

Ainsi, il y a de nombreux points noirs pour moi dans cette production, ou sans doute plus justement des incompréhensions dues à ma sensibilité de citoyen de l’occident. Je veux dire par là que certaines images et métaphores qui relèveront du bon sens pour les Japonais nous paraitront fumeuses à nous les Occidentaux, qui n’avons pas grandi dans la même culture de pensée. Les aspects techniques sont tous réussis. Le divertissement remplit sa fonction en nous émerveillant. C’est un très beau film.

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