Exception notable par rapport aux autres épisodes, Fallout est mis en scène par le cinéaste du précédent M : I , à savoir Christopher McQuarrie.
Du coup, Fallout est-il suffisamment différent de Rogue Nation ? La réponse est un oui, un grand OUI ! A un point tel que M :I 5 ressemblerait presque au brouillon de cette nouvelle aventure d’Ethan Hunt.


Pourquoi ?


Parce que dès l’intro, et ce jusqu’au final, le rythme est réglé comme du papier à musique et le scénario est limpide, simple sans être idiot, soulevant même quelques questions d’éthiques rares dans un blockbuster moderne.


On y reprend donc une dose d’Ethan Hunt accompagné de ses acolytes Luther et Benji sur la piste d’un mystérieux terroriste nommé John Lark, travaillant avec les 12 rescapés du Syndicats, rebaptisés les Apôtres.
Ces derniers cherchent à acquérir le plutonium nécessaire à la fabrication de bombes nucléaires qui permettront de faire exploser la planète.
Tandis que fes faits et gestes d’Ethan sont observés et supervisés par la CIA, représentée par le charismatique Henry Cavill (agent Walker), Ilsa Faust repart, elle, en cavalier seule; ayant pour mission d’abattre Solomon Lane, l’ancien leader du Syndicat qui est derrière les barreaux depuis 2 ans mais dont le transfert doit servir de monnaie d’échange…


En somme, du Mission : Impossible pur jus survitaminé avec un Tom Cruise en pleine forme, voilà ce à quoi nous donne droit Fallout.
Mais là où les scènes d’action donnaient l’impression d’être uniquement présentes pour relancer l’intérêt de Rogue Nation, ici les séquences haletantes sont parfaitement intégrées au script, servant même à tisser des liens entre personnages en posant sur la table à plusieurs reprises le dilemme du tramway : faut-il mettre en péril la mission pour sauver un seul élément de l’équipe ? C’est en répondant à cette question que Christopher McQuarrie nous montre un Ethan Hunt plus mûr, plus réfléchi et altruiste que jamais, s’excusant plusieurs fois pour les dommages collatéraux que la mission occasionne.
Du jamais vu pour un héros d’action made in Hollywood.


Même le retour de Michelle Monaghan en Julia sonne juste et fait plaisir, permettant de tourner une page difficile dans la vie sentimentale de notre agent virevoltant.


Côté mise en scène pure, vous aurez certainement lu/entendu à plusieurs reprises que Falloutétait le meilleur rollercoaster vu au ciné depuis Mad Max: Fury Road ou encore qu’il ressemblait à s’y méprendre à une œuvre de Christopher Nolan.
Tout ceci est correct et on pense effectivement à Nolan pour le côté implacable du montage ainsi que le réalisme insufflé dans la photographie et la manière de filmer en très grand angle, avec de nombreux plans en IMAX et un minimum de CGI (d’ailleurs assez brouillons sur la fin).
La bande-originale très « Zimmerienne » rapproche aussi cet épisode des films de Nolan mais c’est, sur cet aspect, plutôt déplaisant ; en effet, en tant qu’amateur de musiques de films, il est très difficile de ne pas sortir de Fallout en entendant des accords et instrumentations rappelant beaucoup trop The Dark Knight Rises ou Inception.


Enfin, là où Christopher McQuarrie s’écarte de l’autre Christopher, c’est sur la brutalité des corps-à-corps ; filmés par Nolan de manière quelque peu édulcorée (à l’exception du premier duel Batman-Bane, la violence Nolanienne étant d’ordinaire plus psychologique que physique) ou avec des figurants à la ramasse dans sa trilogie Dark Knight, ils sont d’une étonnante brutalité dans l’œuvre de McQuarrie : les protagonistes n’hésitent pas à tout casser sur leur passage et les coups portés sont d’un réalisme bluffant.
Mention spéciale à l’âpre duel Ilsa-Solomon, usant de diverses techniques de strangulations (cordages, clés de jambe,…) nous scotchant à notre siège jusqu’au KO final.


Le film transpire le jusqu’au boutisme et ce n’est pas le plan sur un Tom Cruise boîtant – en vérité blessé à la cheville plusieurs semaines durant – après un saut vertigineux qui viendra me contredire.


Et comment ne pas mentionner toute la partie parisienne de M :I Fallout ?
Véritable bijou rythmique et dramatique ; non content de contenir la meilleure course poursuite de la saga, ce moment renferme également un superbe hommage aux policiers essayant tant bien que mal d’assurer la sécurité de la Ville lumière face au terrorisme.
Sans conteste ma scène préférée de ce volet, à savourer en VO pour voir Mr Cruise s’exprimer en français et en jouer avec brio, nous rappelant quel fabuleux comédien il reste également dans les moments intimistes (même en langue étrangère !).


On pourrait disserter des heures durant sur ce qui est l’un des tout meilleurs blockbusters (voire films, tout court) de l’année, on se contentera cependant de conclure sur le fait que Mission : Impossible Fallout est le volet le plus réussi d’une saga qui pourrait très bien s’arrêter là pour nous donner un éternel sentiment de satisfaction.
En voilà une belle revanche sur l’agent 007 qui ne vend plus de rêve actuellement.
Mais bon, ce serait sans compter sur la verve de l’infatigable Tom Cruise qui n’en restera certainement pas là.


Quelle surprise pourrait-il produire pour relancer la machine ?
Peut-on espérer qu’il nous sorte un jour un Nolan de son chapeau en lui offrant plus de libertés qu’il n’en aurait sur un James Bond (cf. l’éviction toute récente de Danny Boyle pour différends artistiques) ?
Ou un autre grand réalisateur ?


En tout cas, ce chapeau nous pouvons déjà le tirer à Christopher McQuarrie, bien décidé à nous laisser sur un quasi chef-d’œuvre du genre qui rendra la tâche très compliquée à son successeur.


On ira même jusqu’à dire que faire mieux, c’est mission impossible.


(Découvrez ma rétrospective complète de la saga en cliquant ici)

christophe1986
9
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Il me les faut..., Vus en 2018, Les meilleurs films avec Tom Cruise et Le Top Mission : Impossible

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le 28 août 2018

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christophe1986

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