Depuis 1996, la franchise Mission Impossible se plait à redéfinir tous les 4/5 ans les standards du blockbuster moderne avec pour ambition de repousser à chaque fois les limites du spectaculaire. Tel un Dorian Gray dopé à l’adrénaline, Tom Cruise défie les limites de l’espace et du temps avec une ténacité qui force le respect. Et lorsque l’on se dit que ça y est l’acteur a enfin atteint ses limites, que sa course effrénée arrive à terme, son alter ego Ethan Hunt surgit tel un diable de sa boite nous prouver le contraire. Mission : Impossible – Fallout ne fait pas exception à la règle, il aurait même tendance à la marquer au fer rouge de l’impossible en poussant tous les curseurs au maximum au point de rendre encore plus évidente cette question qui nous taraude tous depuis plus de vingt ans maintenant : « Tom Cruise est-il humain ? ». Au terme des deux heures qui composent le film, la réponse n’en demeure que plus opaque, le comédien étant passé par tous les états possibles et imaginables avec à la clé un brushing toujours aussi impeccable mais un botox qui commence à fissurer. Si ce n’étaient certains gros plans un peu traitres, rien ne pourrait laisser supposer que le temps est en train de faire son œuvre sur l’icône Cruise tant le ride auquel il nous a convié auparavant ne semble en aucun cas destiné à ceux que la vieillesse approche d’un peu trop près. En l’état, le film de Christopher McQuarrie tient toutes ses promesses et bien plus, les diverses bandes annonces et autres images de tournage glanées aux quatre coins de Paris n’étant que la face émergée d’un iceberg que Tom Cruise ne semble pas prêt à vouloir couler. C’est à la fois la plus grande force et la pire faiblesse de cette franchise entièrement vouée à sa superstar/producteur exécutif. En refusant farouchement de raccrocher les gants, Cruise finit par prendre une place telle qu’il en éclipse totalement ses petits camarades (on s’en souviendra de Jeremy Renner, LE grand sacrifié de la saga pourtant promis à un bel avenir). D’un autre côté, c’est cette détermination qui fait que la saga ne s’est jamais reposée sur ses acquis, érigeant le « bigger, better & louder » au rang de philosophie entièrement mue par la volonté de Cruise à (se) prouver qu’il est encore une action star totalement vouée à son art et à la célébration de sa personne.[Lire la suite]