Multi référentiel, ce premier long métrage témoigne, en plus d'une cinéphilie relativement variée, d'une maîtrise certaine. Entre Bergman et Sjöström, quelque part au loin d'une Scandinavie décoloré se cache ce film, pourtant australien, à l'horreur psychologique. Il touche un peu à tous les monstres connus: les griffes de Freddy, la possession de L'Exorciste, la silhouette de Nosferatu, la respiration tuméfié des fantômes de The Grudge, la mise avant garde de The Ring, la noirceur personnifiée et l'écran interposé à la façon Lost Highway de David Lynch, puis des silhouettes sur l'écran de Méliès, Mario Bava... comme si déjà tout cela ne suffisait pas!
Le montage est symptomatique dans l'introduction et les bonnes idées de mise en scène sonore malheureusement répétées. Et pourtant une poésie se dégage de cette monstration visuelle. L'actrice, entre Tilda Swinton dans "We Need To Talk About Kevin" et Liv Ullman dans "L'Heure du loup", mérite quelques éloges, car elle porte extraordinairement bien ce poids maternel angoissant. Je constate, avec regret, qu'au dernier tiers du film, la réalisatrice s'épanche à n'en plus finir sur le symbolisme et le combat solitaire. Presque envie de dire: "on a compris, avance" Il reste encore 20 minutes. C'est la plus grosse faiblesse du film. Donc des longueurs qui aurait pu être évitées, une subtilité améliorée, un montage et des échelles de plans simplifiés, il aurait gagné une étoile!
Bien mérité. Coup de chapeau pour une première fois, peu s'y relève aussi fièrement. Jennifer Kent abandonne l'effet de surprise pour un hommage à tout ce qui a berné son enfance!; On lui souhaite d'accoucher d'autres films, qu'elle aimera cette fois*