Moi qui t'aimais
5.9
Moi qui t'aimais

Film de Diane Kurys (2025)

Moi qui t'aimais: La nostalgie est ce qu'elle était.

Comment filmer un mythe ? En captant son âme, pas son apparence. Dans Moi qui t’aimais, Diane Kurys esquisse le portrait de Montand et Signoret à travers le prisme de leurs dernières années, alors que l’actrice s’efface et que le chanteur brille encore. Marina Foïs et Roschdy Zem, justes, sincères et sobres, ne jouent pas la ressemblance, mais la connivence. Résultat : un film nostalgique et fin sur le couple, ses déséquilibres, ses fidélités silencieuses. Attachant et émouvant. Une réussite.


Dans une évocation lumineuse et généreuse, Diane Kurys fait revivre avec une émotion et une nostalgie constantes la vie du couple Signoret/Montand.


Diane Kurys ou l’art de filmer l’âme d’un couple

Dans Moi qui t’aimais, Diane Kurys ne se contente pas de raconter Montand et Signoret. Elle en restitue le souffle, la mélancolie et cette alchimie complexe qui fit d’eux plus qu’un couple, un mythe. Loin du biopic convenu, le film choisit la connivence contre la copie, l’émotion contre l’exactitude, l’appel de l’âme contre le pastiche.


Foïs et Zem : l’incarnation par l’intérieur

Marina Foïs en Signoret et Roschdy Zem en Montand ne cherchent pas le mimétisme. Ils en atteignent quelque chose de plus rare : la justesse d’être. Foïs incarne avec une sobriété magnétique cette femme qui, derrière la force affichée toute sa vie, boit, écrit et aime, dans l’ombre de l’homme qu’elle a choisi. Moi qui t’aimais montre avec délicatesse ce décalage de notoriété, la clairvoyance et franchise de Signoret, sorte de figure durassienne, ravie d’un amour inconditionnel. Zem, lui, saisit la tonalité Montand – cette gouaille et cette gravité – sans jamais tomber dans la caricature. Kurys leur offre un espace de jeu où c’est l’âme qui parle, et c’est bouleversant.


Les dernières années : l’amour à l’épreuve du temps

Le film couvre les dix dernières années du couple, période où la gloire de Montand éclipse celle d’une Signoret en retrait, écrivant ses mémoires et regardant son mari briller sans elle. Kurys explore avec une délicatesse attachante ce déséquilibre : cette femme qui se sacrifie par amour, cet homme à la fois présent et ailleurs. C’est un portrait de couple dans ce qu’il a de plus universel : la fidélité qui n’exclut pas la trahison, la tendresse qui coexiste avec la solitude.

Une plongée dans le passé du cinéma français

Autour d’eux, Kurys ressuscite toute une époque : Corneau, Reggiani, Sautet. Les scènes de repas, les promenades à la campagne, les discussions entre amis créent une ambiance chaleureuse et nostalgique qui rappelle les films de Sautet. Le spectateur est saisi par cette mémoire collective, cette légende inscrite et battant le cœur. Les Choses de la vie et du cinéma.


Le couple, ce territoire imprévisible

Le vrai sujet de Kurys, c’est le couple comme entité vivante, changeante, contradictoire, animal de chagrins et de liens. Qu’est-ce que devenir l’ombre de l’autre ? Qu’est-ce qu’aimer quand la passion s’est muée en habitude, en confidence, en attente ? Moi qui t’aimais n’idéalise rien : il montre la force et la fragilité, la fusion et la distance, avec émotion, authenticité et profondeur.



VioletteVillard1
8

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il y a 7 jours

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