La génération qui a eu 20 ans, un peu moins ou un peu plus, au moment de la parution de La nostalgie n'est plus ce qu'elle était et, dans les mêmes années, de la sortie de La vie devant soi, a découvert, à cette époque, une Simone Signoret usée physiquement, mais formidable dans sa lucidité d'écrivaine et son aura d'actrice, très loin, cela va sans dire, de Casque d'or. Moi qui t'aimais tente de faire revivre cette période, jusqu'à la mort de la comédienne, en s'immisçant dans une vie d'amoureuse humiliée par les infidélités convulsives de Montand, qui n'avaient pas commencé à sa liaison avec Marilyn. Le choix de Foïs et de Zem pour incarner ces deux monstres sacrés avait de quoi interpeller et, au final, laisse quand même un peu sceptique. Non pas dans l'alchimie entre les deux interprètes ni certainement pas non plus dans le jeu de Marina Foïs qui transcende son rôle, sans chercher à tout prix l'imitation, mais bien chez Roschdy Zem qui, bien qu'immense acteur, semble mal à l'aise dans la peau de Montand, tant dans la gestuelle que dans la voix. À vrai dire, quel interprète de son âge aurait pu faire mieux ? Aucun, sans doute, mais l'artificialité du projet, dans son ensemble, apparaît au grand jour dès que la caméra s'éloigne de Foïs/Signoret, avec, qui plus est, des seconds rôles assez peu ressemblants avec les personnages originaux (Sautet, Reggiani, Trintignant, etc.). Certainement que le film parlera davantage aux plus jeunes, qui saisiront peut-être un peu ce que ce couple iconique a pu représenter, mais le seul conseil qui vaille est de les inciter à lire La nostalgie n'est plus ce qu'elle était.