Je ne découvre que maintenant « Moi, Tonya », dont on avait beaucoup parlé à sa sortie sans que celui-ci soit un grand succès commercial. Pourtant, Craig Gillespie, malgré des choix esthétiques très éloignés de son futur « Cruella », réussit à nouveau son pari en tablant à la fois sur de faux entretiens de la star et de son entourage, tout en proposant une vision assez sale, très humour noir du parcours de l'ex-patineuse, savant mélange de quasi-documentaire et d'univers loufoque façon frères Coen avec bras cassés se rêvant brillants criminels.
L'osmose fonctionne souvent bien, le réalisateur tirant le meilleur de cette étrange affaire ayant fait la une de tous les journaux en 1994. Féroce envers la mère de l'héroïne, décrite comme une odieuse opportuniste tentant par tous les moyens d'exploiter le talent de sa fille sans jamais faire preuve du moindre infime sentiment d'affection pour elle, il se montre finalement plus clément avec Tonya, selon lui plus victime des événements et de son parcours « violent », agrémenté de mauvaises rencontres, à l'image de son futur mari et de son acolyte, toutefois présentés sous un jour plus complexe qu'on aurait pu le craindre.
La voix-off n'y est clairement pas étrangère, exploitée avec autant d'intelligence que d'efficacité, éclairant (non sans une certaine méchanceté) les liens « unissant » les différents protagonistes. Interprétation impeccable, dont on retient, logiquement, Allison Janney dans un rôle tout à sa (dé)mesure et évidemment Margot Robbie, confirmant film après film à quel point celle-ci est devenue incontournable à Hollywood et peut absolument tout jouer. Du « biopic » inhabituel, gonflé mais pas gonflant, éclairant habilement une affaire dont je n'avais étrangement jamais entendu parler avant sa sortie !