Peut-être aurais-je passé ma vie sans voir une seule des oeuvres de Xavier Dolan si celle qui m'accompagne depuis quelques mois n'avait pas placé dans mon SensCritique, Mommy.
C'eût été peinant d'ignorer qu'un génie de pas 30 ans avait offert ce film au grand public... J'ai pris avec Mommy une des plus grosses claques cinématographiques de ces dernières années. Une claque qui part de 2014 pour m'arriver en pleine face en 2017, je vous laisse imaginer la douleur...
La douleur... C'est le mot qui vient et revient tout au long du film... La douleur d'élever seule un enfant, de le confier à d'autres, de la voir se détruire, détruire son Monde. La douleur du regard des autres, d'une vie peu entamée et pourtant déjà si triste... La douleur d'un enfant perdu, la douleur se perdre soi-même dans une société qui ne nous laisse pas le temps de se retrouver... La douleur d'être un fardeau pour sa famille...
La douleur en tant que spectateur, qui nous renvoie, pour certains, à ces fins de mois pas toujours évidentes, où un peu de chaleur humaine et un repas chaud savaient faire du bien...
Ce film est un subtil mélange d'humour, de gêne et de tristesse... On rit dans une scène, on pleure dans la suivante. on sourit en réécoutant Blue du groupe Eiffel 65, on apprend à aimer Céline Dion, on s'extasie devant un ralenti sur fond de Wonderwall.... La simplicité des situations et cette trame de fond si complexe amènent à relativiser et se questionner en permanence lors du visionnage de Mommy.
On n'a pas envie d'être un personnage de cette histoire. On ne veut pas s'identifier à ces derniers, mais l'on accepte honteusement d'avoir été l'un deux à certains moments de notre vie...
Mommy est une douce (mais pourtant si violente) entrée en matière dans l'univers de Xavier Dolan. On ne s'arrêtera pas là après Mommy, pour aller rencontrer les limites du génie de Dolan...