Dans un New York coloré, vivant, vintage, bourré de références et de personnages animaliers attachants, Pablo Berger, qui décidément parvient à nous émouvoir comme personne sans user de la parole (Blancanieves, en 2012 était déjà un tour de force formel) déploie un univers aussi familier que dépaysant, mais résolument chaleureux. L'histoire d'amour (au sens large) qu'il livre, en adaptant le roman graphique de Sara Varon dans une animation fluide et brillante de simplicité et d'inventivité, touche toute génération par l'universalité des thèmes convoqués.
S'il s'éparpille légèrement dans une série de péripéties pas forcément utiles, Berger signe en fait (et dans cette blessure plus profonde que le film est brillant) le portrait de la solitude urbaine et ouvre une fenêtre sur un futur confiant, enrobé dans une amnésie heureuse qui conclue finalement que, partout, toujours, d'une quelconque façon, la vie et la joie reprennent leurs droits, confinant à une résilience proprement bouleversante.