Petit à petit, je remonte la pente chez Miklós Jancsó, après la stupéfiante découverte de "Rouges et Blancs" l'année dernière qui m'avait bouleversé. "Mon chemin" est une expérience de visionnage plus agréable que "Psaume rouge" mais on ne peut pas dire que ce soit d'un confort total me concernant. C'est en tous cas un pas de plus sur le chemin de la familiarisation avec un style particulier du réalisateur hongrois, chez qui je retrouve un attrait pour la présence forte de paysages monumentaux, pour la description d'une violence se manifestant de manière grandement aléatoire, et pour les jeux de pouvoir dont la distribution se fait parfois tristement arbitraire.


Heureusement que le synopsis le précise car je n'aurais pas été capable de l'identifier : l'histoire se place à la fin de la Seconde Guerre mondiale. On suit un jeune hongrois de 17 ans errant sur les terres d'un pays désolé (l'histoire de la Hongrie lors de la guerre a l'air particulièrement chaotique), balloté d'un coin à l'autre de la campagne, entre un élevage bovin et un camp d'emprisonnement. Les lignes ne sont pas très claires, mais il sera en tous cas fait prisonnier par les troupes soviétiques et suite à des tentatives d'évasion infructueuses pour rejoindre son foyer, il sera envoyé dans un recoin encore plus isolé dans le but d'assister un autre jeune soldat russe notamment dans la collecte du lait pour l'armée. Et c'est là que "Így jöttem" se transforme en récit d'une amitié entre deux personnes qui ne partagent pas de langue commune.


Un film sur le pardon, sur le rapprochement des êtres en temps de guerre, et sur la bêtise de ces conflits où des détails peuvent faire changer les perspectives de manière dramatique selon la direction du vent. Jancsó s'amuse beaucoup là-dessus, en faisant subir au héros des péripéties au sujet de son identité supposée, confondu avec un soldat allemand par des réfugiés hongrois, se faisant passer pour un soldat russe ensuite. Il finira battu. Une sorte de parabole sur les errements de l'histoire, avec des vues aériennes pas encore tout à fait maîtrisées mais qui donnent un aperçu de ce qu'il saura faire quelques années plus tard. Avec toujours cette sensation d'être tenu à distance de ce qui se trame, contraint d'observer de loin le rapprochement entre ces deux soldats un peu oubliés par leurs corps respectifs, échappant (ou non) à la mort vraiment par hasard.

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le 8 sept. 2023

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Morrinson

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