Justicier solitaire

Le réalisateur dit à l'acteur : "tu ne liras point le scénario et tu improviseras en toutes circonstances." L'acteur lui répondit : "d'accord." Et voici comment Mon garçon se trouve pratiquement réduit, dans tous les commentaires, à ce procédé "innovant" (c'est Lelouch qui doit rire !). Tournage en 6 jours, sous tension, on présume et, au final, un Guillaume Canet qui a dû vivre une expérience très enrichissante. Et le film alors ? Âpre, sans gras et anxiogène. Au plus près de l'os mais cela signifie aussi que, mis à part dans sa première partie, le thriller privilégie l'action, dans une grande linéarité alors que les dialogues disparaissent peu à peu, de même que Mélanie Laurent, hélas, et Canet endosse les frusques d'un justicier solitaire, obsédé par sa propre mission qui ne saurait souffrir d'aucune aide extérieure. Concrètement, cela donne une caméra traquant sans cesse les expressions de l'acteur et se désintéressant de tout le reste, hormis la nature, joliment filmée, et qui occupe la place du second rôle avec talent. Dans ces conditions, pas étonnant que le scénario présente de graves lacunes, reproduisant à l'envi les poncifs du film où "un père recherche les ravisseurs de son enfant et est prêt à tout pour parvenir à ses fins." C'est un peu court et décevant eu égard au démarrage du film qui laissait penser que le récit serait moins univoque. Sans compter qu'il reste au minimum une question essentielle en suspens à la fin.