Fin de vie, liberté
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Le film s'ouvre sur un plan intérieur d'une maison vide, synonyme de solitude. Or la fenêtre est ouverte, permettant au courant d'air d'entrer. Ce courant d'air sera l'homme que Mahin va rencontrer le temps d'une soirée.
Le film fait le focus sur cette femme, âgée de 70 ans, se sentant très seule : la mise en scène se centre exclusivement sur elle puis sur eux en tant que duo amoureux. Nous restons beaucoup en intérieur. Dans ce film l'extérieur rappelle notamment la dureté du régime iranien, en particulier lors d'une scène qui mobilise la police des mœurs en Iran qui nous montre qu'une femme, quelques soit son âge, peut se voir embarquer pour outrage vestimentaire par le régime iranien.
J'ai surtout aimé toute la partie en huit clos qui démarre du moment où le duo se forme, donnant vie à un moment de partage entre deux sexagénaires victimes de solitudes. Le film parvient à impulser son rythme et sa vitalité, nous coupe totalement de ce qu'on avait vu auparavant (les copines, les enfants, le taxi…). Seule la voisine essayera de troubler ce moment, rappelant comment fonctionne le régime et la délation en place. On ne sait plus ni l'heure ni le jour qu'il est, le film nous offre les plus beaux moments, avec simplicité et justesse, dans la maison de Mahin : que ce soit dans la cuisine lorsqu'elle lui découpe des fruits et qu'ils comment à faire connaissance autour d'un verre de vin puis dans le jardin et enfin en dansant (plus belle scène du film).
La rencontre se fait avec pudeur, au travers de question sur le passé de chacun. Une petite attention, ou encore le partage de souvenirs et choses importantes pour eux (Faramarz qui explique à Mahin que verser un peu de vin au sol permet de penser aux défunts et partager ce vin avec, Mahin qui lui explique l'origine de son chêne devenu un arbre imposant dans son jardin).
Le film nous rappelle que ces deux personnes ont vécus, à travers leur passé et l'incarnation de ce passé comme les photos dans le salon mais cette soirée redonne un élan de vitalité à ces 2 personnages. La scène dans la jardin, lorsque Faramarz change les ampoules et que Mahin cueille des herbes est sublime : ils sont tous les 2 dans le plan, la lumière ressurgit, la scène s'éclaire et le jardin revit à l'image de cette rencontre qui redonne vit aux 2 personnages.
S'ensuit un dur retour à la réalité, qui m'a surpris et qui est d'autant plus renforcé par ce plan final avec Mahin de dos : désormais tout semble derrière elle… et l'espoir dans tout ça ?
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Créée
le 9 mars 2025
Critique lue 19 fois
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