Un amour sans fin ?

De bien belles fées se sont penchées sur le berceau de Mon inconnue pour en faire un divin enfant, un fils prodigue qui ne compte pas ses effets pour nous emporter .
Hugo Gélin et ses acolytes, parmi lesquels je soupçonne fort ce petit malin de Foenkinos, ne se sont pas privés de clins d'oeil appuyés à La Vie est Belle **de Capra, son ambiance fantastique de vie "rebootée", de neige annonçant le miracle, et **Un jour sans fin de Ramis, comme Raphaël Ramisse, le héros du film, au cas où vous n'auriez pas compris....
Ceci étant posé, la subtilité du scénario ne vous sautera pas aux yeux, d'abord parce que trop de papas s'y sont mis pour nous le pondre, et ensuite parce que la patte d'Igor Gotesman, arrivé en renfort pour muscler ce qui risquait de se noyer dans la bluette, embarque résolument le film dans le registre de la comédie de potes avec la complicité du génial Benjamin Lavernhe, où les répliques résonnent punchlines, ou alors d'une bêtise décapante provoquent le rire d'une manière imparable...

L'histoire d'amour perd forcément des points sur l'échelle de Richter de la crédibility et se dilue un peu tristement dans le convenu, après que le duo de comédiens s'en est donné à cœur joie pour nous la faire naître cette idylle. D'une insolente fraîcheur adolescente Civil & Japy, tel Tom & Jerry excellent dans le jeu du chat à la souris qui noue une complicité éclatante à l'écran.
L'amour rédempteur est le trou noir, la plaie béante du film, autour duquel il tourne sans jamais sortir du tourbillon dans lequel il se complaît.

On aurait aimé que François Civil joue vraiment un sale con tel Bill Murray, que Japy soit moins nunuche en concertiste surprotégée par son mac ( pardon son mec ! ) , on aurait aimé qu'à l'écran se noue une véritable histoire d'Amour qui ne soit pas un vain mot, un concept qui fait vendre.

Quant à cette vie alternative soit disant un enfer, elle est expédiée trop légèrement pour nous coller au siège, si tu es prof de lettres tu es un raté, désolé mais moi cela ne passe pas...
Le summum de la maladresse est atteint avec la scène de "rupture" .

Nonobstant ces réserves, le film est d'une qualité artistique assez remarquable ( image, musique, montage ), il fourmille de moments réussis, de trouvailles judicieuses et de prouesses des comédien(nne)s