Mon inconnue : C’est de la poésie

Il y a des films qu’on souhaite voir à tout prix juste en voyant la bande annonce. C’est un peu ce qu’il s’est passé avec Mon inconnue, et je n’ai vraiment pas été déçu. Pour tout dire, les 2 heures ont été longues, mais dans le bon sens du terme, je n’avais pas envie que l’histoire se termine. J’ai été totalement emporté.
Évidemment, le film n’est pas parfait, principalement par son manque d’ambition scénaristique. Le pitch ne casse pas trois pattes à un canard et use d’un accessoire scénaristique déjà vu dans les comédies : la fameuse dimension parallèle ; 30 ans sinon rien, Je ne suis pas un homme facile, Jean-Philippe… ont déjà utilisé cette astuce pour raconter leur histoire. Heureusement, ici le film l’utilise jusqu’au bout avec intelligence.

Mais la plus grande force du long métrage est indéniablement son trio de personnages, les acteurs sont au top pour notre plus grand plaisir. François Civil (Raphaël) est bluffant, autant de justesse et de naturel en même temps, c’est suffisamment rare pour être souligné. Joséphine Japy (Olivia) est un rayon de soleil rempli d’émotions, sa performance pour nous faire croire qu’elle est une virtuose du piano est impressionnante. Mais leur véritable force, c’est l’alchimie qu’ils dégagent dès qu’ils partagent l’écran, de leur première à leur dernière scène ils sont vraiment beaux.
Et puis, il y a Benjamin Lavernhe (Félix), et il est exceptionnel. C’est simple, il vole la vedette à chacune de ses apparitions et offre 2 ou 3 vrais fous-rire.
François Civil apparait de plus en plus, mais Joséphine Japy et Benjamin Lavernhe méritent plus de visibilité.

On rit rarement autant devant une comédie-romantique. Évidemment la situation dans laquelle se retrouve Raphaël s’y prête : adieu les 300m² au coeur de Paris, les soirées branchées et l’Audi ; bonjour le studio de 20m², les tournois de ping-pong et le scooter ! Mais l’émotion et la profondeur ne sont pas en reste. Le scénario pousse à se poser de véritables questions existentielles sur les choix que nous faisons ou sur notre capacité à se rendre compte du bonheur qui nous entoure.

Et c’est là la force du réalisateur, il a cette capacité à dégager des émotions assez dingues avec une simplicité maximale ; quelques lignes de dialogues, quelques secondes d’images, ou quelques notes de piano poussent automatiquement le spectateur à projeter ce qu’il voit à l’écran à sa propre vie (sauf si vous n’avez pas de cœur). Personnellement il m’avait déjà fait le coup avec Demain tout commence.
A l’image du film, sa mise en scène est simple mais très soignée et diablement efficace. Je n’ai pas souvenir d’un plan qui m’a poussé à me dire “ohla c’est bâclé ça”. Il s’offre même le luxe d’avoir quelques bonnes scènes de science-fiction dans un Paris apocalyptique enneigé ; ça dure quelques secondes mais c’est fort appréciable pour un film français.
Bref, Hugo Gélin est un poète malin.

Pour finir, je dirai que je n’ai qu’un seul regret. Je regrette que le cinéma français ne nous offre pas plus de films comme celui-ci, je regrette qu’il mise plus sur des comédies ultra-populaires au casting cinq étoiles ou sur des suites que personne n’a demandé. Et je regrette encore plus que le box office lui donne raison. Alors sauvons le cinéma français, et encourageons les producteurs à financer d’avantage d’œuvres comme celle-ci en nous rendant en salles pour ce genre de films intelligents, poétiques, drôles et qui font du bien