Pour son premier film, Anne-Sophie Bailly a su s’emparer d’un sujet fort avec brio, celui du handicap mental, mais elle s’est surtout entourée d’une actrice qu’on ne cesse de redécouvrir à chacune de ses apparitions pour le sublimer. Le genre de comédienne qui peut porter un film sur ses épaules et qui peut tout jouer. Il y en a peu et Laure Calamy est sans conteste de celles-là. Découverte sur le tard grâce à la série « Dix pour cent », elle est une nouvelle fois épatante en mère complice et fusionnelle de son fils, jeune adulte mentalement retardé. Comme une Isabelle Huppert ou, dans la même tranche d’âge une Virginie Efira, elle est incroyablement versatile, douée et talentueuse et ce rôle pas forcément facile, elle l’empoigne avec un naturel et une justesse dont peu sont capables. Ici, à la fois forte et sensible, courageuse et désespérée, aimante et fatiguée, elle nous offre la composition merveilleuse d’une maman à qui la vie n’a pas fait de cadeau et qui aime son enfant plus que tout. Aussi drôle parfois qu’émouvante souvent, elle porte « Mon inséparable » sur ses épaules. Le reste du casting est quasiment inconnu mais le film s’appuie sur elle sans souci. À ses côtés, un jeune homme véritablement déficient mental lui sert de partenaire avec brio. Il s’agit de Charles Peccia-Galletto déjà nommé aux Césars dans le passé pour son rôle dans « Louise Wimmer ». À l’instar d’un Pascal Duquenne atteint, lui, de trisomie 21 dans « Le Huitième jour » ou des acteurs de « Un p’tit truc en plus », le jeune homme épate et convainc sans peine.
Si le générique de « Mon inséparable » est de toute beauté et nous met dans l’optique d’une œuvre réalisée avec une patte visuelle certaine, la suite ne nous donne pas raison et c’est d’ailleurs peut-être le léger point faible du film en plus de quelques petites longueurs et baisses de rythme : Bailly filme de manière assez impersonnelle sa belle histoire de tolérance, de résilience et de courage. Cela n’est pas dérangeant outre mesure vu la teneur et le propos du film mais on s’attendait à une facture visuelle aussi inspirée que celle du générique. Le long-métrage met le doigt sur des sujets peu traités au cinéma comme la sexualité et la maternité chez les personnes déficientes mentales. Abordé avec le doigté et la finesse nécessaires et beaucoup d’empathie salvatrice, le film nous touche sur ces sujets. On sent le tout documenté et rendant honneur à ces personnes. Mais le film se concentre surtout sur le personnage de Calamy et sa relation forcément complexe avec son fils qu’elle a eu très jeune. Les conséquences sur sa vie personnelle, professionnelle et amoureuse sont présentées simplement et nous accrochent, nous touchent en plein cœur. « Mon inséparable » est donc un film simple et beau avec un sujet courageux et beaucoup d’amour et de tendresse, une réussite.
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