Le film a du mérite tant dans son propos que dans sa direction artistique. La société de consom-mation qui se pointe à la fin des années 50 cherche à vendre le bonheur par l’entremise des gadgets technologiques ; moins d’efforts, plus de temps. Jacques Tati provoque en duel le conformisme et la bohème par l’entremise d’un fils/neveu partagé entre la rigidité d’un père et la douce naïveté d’un oncle. C’est aussi la froideur d’un univers aseptisé contre la primauté de l’âme et de la chaleur humaine. Les décors viennent appuyer le propos de manière remarquable, notamment la résidence de la famille Arpel et celle de Monsieur Hulot. La facture visuelle de Mon oncle est une œuvre en soi et cela lui a suffit pour s’assurer une place dans la mémoire de nombreux cinéphiles. Mais malheureusement le film n’a pas de rythme, le jeu est insupportablement caricatural. On associe la création du personnage de M. Hulot à l’influence de Charlie Chaplin et Buster Keaton du fait qu’il est pratiquement muet et qu’il est interprété par le réalisateur. Mais là s’arrête la comparaison. Jacques Tati n’a pas l’instinct d’acteur de ses prédécesseurs ni les talents de cinéaste. Cela n'a pas empêché l’œuvre d'avoir l’effet d’une bombe à sa sortie et de se voir attribuer une multitude de prix, dont l’Oscar du meilleur film étranger. Pas que les honneurs ne soient pas mérités, mais Mon oncle est un bel exemple de ces films qui s'inscrivent parfaitement dans leur temps mais qui perdent quelque peu de leur lustre avec l'âge.