Il est toujours instructif, après avoir visionné un film de Maiwenn, d'aller consulter des interviews de la réalisatrice pour l'entendre commenter ses films. La plupart du temps, elle confirme ce que l'on a ressenti pendant tout le visionnage : Maiwenn n'a aucune idée de ce qu'est une mise en scène, de ce qu'est une histoire, une direction d'acteurs, et elle n'a rien à dire. Le nihilisme artistique, complètement assumé.
A une question qui lui est posée lors d'une avant-première "Vincent Cassel ne joue-t-il pas un pervers narcissique ?", Maiwenn insiste : "Absolument pas, je laisse à chacun sa propre interprétation, je ne veux surtout pas juger mes personnages. Je sais pas, c'est juste une histoire d'amour comme plein d'autres, point". Et pour tout autre question sur un quelconque parti pris, c'est la même réponse : "Ché pas, pourquoi pas, ça m'amusait de faire ça comme ça..." Comment d'ailleurs voulez-vous qu'elle rende compte de ses personnages, puisqu'elle a laissé les acteurs improviser la plupart du temps.
Donc, et c'est classique, la seule recette lorsqu'on manque de talent consiste à traiter de sujets qui sont objectivement difficiles, qui ne peuvent que déclencher des passions ou de l'empathie - dans "Polisse", autre très mauvais film, une succession de faits divers glauques, dans "Mon Roi", l'histoire d'un pervers narcissique qui fait souffrir sa compagne - , pour faire tout naturellement pleurer dans les chaumières. Rien de plus facile, et plus besoin de se soucier du reste.
Bien sûr elle n'est pas la seule, bien d'autres réalisateurs prennent le spectateur en otage ainsi, à la télévision notamment (c'est là, au mieux, où Maiwenn aurait sa place). Mais chez elle, l'idée d'une quelconque mise en scène lui étant à ce point étrangère, le talent et la subtilité sont si maigres qu'il faut pousser le procédé à fond.
Bref, "Mon Roi" est un film prétentieux parce qu'il se veut "auteur", alors qu'il n'a rien à dire, rien à exprimer. Il n'est que l'expression d'un énième trip égocentrique d'une réalisatrice qui cherche à nous émouvoir à coups d’événements dramatiques successifs.
Eh bien, si Maiwenn s'enorgueillit à ce point de "ne pas savoir", merci de laisser l'espace cinématographique déjà surchargé à d'autres.