Sous le feu la tristesse

Nous sommes de retour au harem d’Edo, qui semble décidément concentrer les passions… et les esprits vengeurs. Contrairement à la série d’origine, les films Mononoke ne jouent pas la carte de l’anthologie. Ils conservent une unité de lieu pour leurs trois volets, un choix qui permet d’approfondir l’univers et d’installer plus solidement les tensions internes. Le harem est un espace saturé de jalousies, de stratégies, d’ombres et de silences, terreau fertile pour le surnaturel.

Dans ce deuxième opus, on retrouve bien sûr les luttes de pouvoir, cette fois entre les concubines, mais aussi avec leurs familles en coulisses, manipulatrices et intéressées. Mononoke chercherait-il à faire de l’ombre au très populaire Carnets de l’apothicaire, avec lequel il partage quelques dynamiques ? (Je m’égare : les deux œuvres sont fort sympathiques, et peuvent largement coexister — mais la pique était tentante.)

Je vais enfoncer une porte ouverte, puisque tout le monde semble s’accorder sur le fait que ce deuxième film est mieux ficelé que le premier. Il bénéficie de ne plus avoir à introduire ses lieux ni ses personnages, ce qui lui permet de resserrer sa mise en place. Et le sujet ici est peut-être plus émotionnel, plus retors : le mononoke est plus difficile à comprendre, et la vérité, plus dure à entendre.

Ce deuxième film réussit donc à la fois à rester fidèle à l’esprit de la série, à son style artistique très marqué et à son audace visuelle, tout en proposant une intrigue plus prenante, plus construite, et plus subtile. La contrepartie, c’est une poésie un peu moins présente, un glissement vers plus de rationalité, notamment dans une révélation finale plus moralisatrice que dans les autres opus. L’apothicaire prend davantage la parole, et son jugement semble plus affirmatif, moins en retrait.

Le troisième film sera-t-il celui de l’équilibre ?