Une très grosse claque esthétique qui malheureusement n'atteint pas sa cible

[Vu dans le cadre de la Berlinale 2019]
Honnêtement, même trois jours après la projection, je reste toujours aussi partagé sur ce film et au final je ne sais toujours pas exactement quoi en penser. Bien évidemment donc, la seule "cible" que le film n'est pas parvenu à atteindre ici, c'est avant tout uniquement moi car je suis cependant persuadé qu'il saura trouver son public tant celui-ci avait l'air véritablement conquis à l'issue de la projection.
Visuellement, le film s'avère incontestablement époustouflant c'est certain. la mise en scène parvenant à magnifier la nature sous tous ses aspects nous invite ainsi dans un premier temps à admirer des scènes en montagne où la terre semble se mêler au ciel pour par la suite nous plonger au coeur d'une jungle colombienne labyrinthique et oppressante. D'un point de vue purement esthétique donc, force est de constater que le film est vraiment plus que réussi en ce sens et qu'il parvient indéniablement à sublimer son récit au moyen d'une photographie hors du commun et d'une musique electro envoûtante.
En ce qui concerne la musique justement, l'intervenante qui s'est employé à nous présenter brièvement le film nous a indiqué que, même si celui-ci s'avérait d'ores et déjà fini et monté depuis assez longtemps, sa projection avait du être reporté en raison du fait que le réalisateur voulait utiliser la B.O de "Under the Skin"(2014) et que cela n'avait pas été possible. Or tout le problème est justement là de mon point de vue ! Le film est malheureusement, non pas simplement surpeuplé de références cinématographiques (sérieusement on en a au moins 10 à la minute), il en est même en réalité surchargé : Du Pasolini avec "Salo ou les 120 journées de Sodome", en passant par du Tarkovski avec "Stalker", du Coppola avec "Apocalypse Now", du Boorman avec "Délivrance", et donc très logiquement (étant donné qu'il s'agit là de références qu'il adore) vraiment beaucoup de Gaspar Noé, et là on peut vraiment sans soucis citer toute la filmographie du réalisateur, et j'en passe et j'en passe...
Bref, si le partis pris consistant à convoquer dix références à la minute peut s'avérer dans certains cas très pertinent (comme c'est par exemple le cas dans le cinéma de Gaspar Noé), force est cependant d'avouer que celui-ci peut également se révéler extrêmement traître et peut ainsi se retourner contre l'auteur du film n'apparaissant alors plus comme une oeuvre personnelle mais comme un catalogue dépourvu d'authenticité. Alors bien évidemment, ce n'est absolument pas le cas ici et le film possède une personnalité qui lui est propre c'est certain ; mais en ce qui me concerne, j'ai trouvé que toute cette virtuosité esthétique ne s'avérait en définitif pas nécessairement utile en ce qui concerne la narration et qu'elle a ainsi pour fâcheuse conséquence de créer une certaine distance chez le spectateur que la photographie (néanmoins sublime cela va de soit) ne parvient pas à abolir. En effet, pour le dire plus simplement, on regarde ça comme un très beau tableau sans parvenir véritablement à plonger à l'intérieur de celui-ci.
En définitif le film est ainsi (toujours uniquement de mon point de vue bien sûr) un peu à l'image son intrigue et de sa conclusion, facile et au final, quelque peu bâclée. Comme si le réalisateur nous disait : "Bon je vous en ai mis plein la vue c'est bon et ça suffit largement comme ça !"
Je caricature évidemment et je schématise beaucoup ici, parce qu'il faut vraiment aussi savoir reconnaître que même si elle n'atteint pas toujours sa cible, il s'agit incontestablement là d'une très grosse claque esthétique qui en ravira très certainement plus d'un !
D'ores et déjà sélectionné pour le festival de Sundance, le film est promis à un bel avenir tout comme son réalisateur Alejandro Landes...

VHS1
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le 13 févr. 2019

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