Franchement, en entrant dans la salle de mon cinéma préféré, je ne m’attendais pas à assister à un aussi bon film, aussi maitrisé, aussi intense et aussi singulier.


L’histoire tient en quelques lignes : de jeunes guérilleros d’une quinzaine d’années, retranchés sur un sommet andin, gardent une otage américaine et se déplacent ensuite dans la jungle amazonienne pour rester cachés de l’armée régulière.


Les images sont magnifiques, la mise en scène est intuitive, sensorielle, à la fois très concrète et métaphorique. La nature est très présente et on peut admirer les nuages au dessus des montagnes, la végétation luxuriante, le fleuve sauvage et impétueux, les insectes qui piquent la chair, l’eau qui fait des bulles... les quatre éléments sont représentés, la terre, l'air, l'eau, le feu.
Mais l’heure n’est pas à la contemplation et la caméra filme nerveusement les corps en action en temps de guerre, si bien qu’il règne une tension quasi permanente, entrecoupée toutefois par quelques moments tendres ou drôles.


Les adolescents sont très sauvages, insouciants et joueurs comme des enfants, mais appliqués et armés comme des soldats. Ils sont embrigadés par des adultes et contraints d’être efficaces sous peine de sanctions. Aussi, ils se surveillent mutuellement et prennent leur mission de guérilla très au sérieux. Même si ce n’est pas dit, on suppose qu’on est en Colombie, que les jeunes appartiennent à une fraction armée. On ne sait rien de leurs motivations ou de leur idéologie, mais on sent qu’ils aimeraient mieux vivre d’amour et d’eau fraîche plutôt que de jouer à faire la guerre pour de vrai. On ne sait pas d'où ils viennent, s'ils sont volontaires ou forcés, mais en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud il y a pas mal d'enfants soldats qui le sont souvent sans avoir réellement le choix.


Les comédiens, pas tous professionnels sont remarquables, la musique de Mica Levi est très prenante et la mise en scène d’Alejandro Landes participe à l’impression d’assister à un poème filmique immersif et vif, qui incite néanmoins à la réflexion, sans donner de réponses toutes faites.
Une très belle surprise.

Roinron
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le 6 mars 2020

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Roinron

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