Avec Monrak Transistor, il s'agit du second film que je découvre de Pen-ek Ratanaruang. Le premier était Vagues Invisibles qui ne m'a laissé aucun souvenir. Le cinéaste thaïlandais a eu tout un temps une porte d'entrée en Europe grâce à ses sélections pour le festival de Cannes.
Monrak Transistor est une oeuvre assez inégale dans l'écriture de son scénario. La faute a un personnage principal, Pèn, à qui il arrive tous les malheurs du monde, pris en pitié par son gardien de prison, mais dont il est finalement seul responsable des déboires qu'il connait. En effet, ce personnage a, je pense bien malgré lui, un côté très détestable.
Pèn a une femme enceinte à la maison. Lui est absent car il doit remplir ses obligations militaires après un coup de malchance à la loterie (en effet, les tirages au sort pour le service étaient de coutume - je ne sais pas s'ils existent encore - en Thaïlande). Pèn, après un spectacle auquel il assiste, déserte de l'armée et cesse d'écrire à sa femme pour vivre son rêve. Il abandonne tout derrière lui.
Le film retrace par après tous les déboires qu'un thaïlandais, pauvre, peut connaître. Exploitation sexuelle, fausses promesses, mendicité, des boulots de forçat pour des salaires de misère, etc. Bref, Ratanaruang dépeint, me semble-t-il, assez bien la misère thaïlandaise sans sombrer dans une espèce de misérabilisme.
Mais le choix d'un tel personnage principal, pourtant pas mauvais au fond de lui, battant et qui reviendra en plus en pleurant auprès de sa femme qui aura entretemps eu d'autres enfants avec des hommes qui l'auront abandonné éveillent des sentiments assez contradictoires.
Il y a aussi dans ce film de beaux passages de chansons thaï. J'aime assez bien les moments où le gardien de prison s'adresse directement à la caméra. Malgré tout, dans tout ce qu'il veut dénoncer ou mettre en lumière du moins, Ratanaruang ne parvient pas toujours à garder le rythme.
Mais ce Monrak Transistor reste un film assez accessible au public occidental contrairement à Vagues invisibles justement.