Mr. Hobbs Takes a Vacation confirme l’indéniable vitalité du duo formé par le cinéaste Henry Koster et l’acteur James Stewart, duo qui avait su nous régaler avec Harvey (1950). L’intelligence du long métrage est d’abord de se faire le témoin d’une transformation profonde des mœurs américaines, d’une libération exprimée ici par la dislocation de l’unité familiale présentée, dès le début, comme un fléau pire encore que le cimetière. Le choix d’une focalisation interne et d’un récit rétrospectif augmente la dimension satirique d’une œuvre qui épouse l’humour pince-sans-rire et désabusé de son protagoniste, ledit Hobbs, merveilleusement interprété par James Stewart qui, après The Jackpot (Walter Lang, 1950), prouve une fois encore qu’il dispose d’un important talent comique : le réalisateur s’amuse avec le corps de ce dernier, se plaisant à le briser sous le poids des valises ou sous l’effort d’une marche ridicule.


Les nombreuses chutes, le face-à-face avec une machine défaillante et capricieuse, les tenues vestimentaires légèrement décalées contribuent à la farce, tout comme l’insolence tonale qui régit les dialogues avec quelques familiarités et beaucoup d’humour noir. Koster pense à Jacques Tati, avec la scène des valises qu’il change en comique de répétition, et son cadre estival en bord de mer ; influence française qu’il mêle avec la folie d’un âge où les mœurs américaines se voient tiraillées entre la rigueur apparente et le dérèglement intérieur, en témoigne ce couple azimuté qui boit en cachette et se plaît à convertir des situations périlleuses en expériences sensuelles (scène de la douche). La partition musicale, que signe Henry Mancini, inscrit Mr. Hobbs Takes a Vacation dans le sillon des œuvres de Blake Edwards, sans renier une originalité et une vitalité qui mériteraient d’être reconsidérées aujourd’hui.

Créée

le 3 juil. 2022

Critique lue 31 fois

5 j'aime

Critique lue 31 fois

5

D'autres avis sur Monsieur Hobbs prend des vacances

Monsieur Hobbs prend des vacances
Alligator
6

Critique de Monsieur Hobbs prend des vacances par Alligator

Un film de vacances, qui m'a rappellé ces films familiaux, gentillets tout plein, un peu mièvres, à la Disney, vantant l'american way of life d'après-guerre, avec les relations familiales difficiles,...

le 11 févr. 2013

6 j'aime

Monsieur Hobbs prend des vacances
oso
7

Faites des mômes qui disaient

Inutile de vous dire que je partais plutôt méfiant avec celui là, le but était clairement d'aller vers un film qui n'était pas fait pour moi sur le papier. En découvrant le pitch de ce Monsieur Hobbs...

Par

le 30 déc. 2022

1 j'aime

Du même critique

Sex Education
Fêtons_le_cinéma
3

L'Ecole Netflix

Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...

le 19 janv. 2019

86 j'aime

17

Ça - Chapitre 2
Fêtons_le_cinéma
5

Résoudre la peur (ô malheur !)

Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...

le 11 sept. 2019

77 j'aime

14