Voici est un joli drame dénué de tout artifice. On y suit un propriétaire, qui a vécu tout sa vie dans l'oisiveté et la boisson, se retrouvant criblé de dette quand la réforme agraire est mise en place en 1946 (redistribuant les terres au détriment des riches propriétaires donc). Shimizu n'en fait ni une œuvre politique ni un mélodrame mais un sorte de chronique rurale tout en sobriété, une sorte de portrait - littéralement - en creux d'un homme symbolisant la fin d'un époque semi-féodale. Aucun ressentiment chez ce dernier, ni rancune, ni aigreur, mais la compréhension presque existentialiste d'un homme conscient de sa propre vacuité et qui ne désire pas tourner le dos à sa débonnaireté et sa générosité (comme lorsqu'il profite d'un meeting politique pour détourner le programme d'un candidat en le forçant malgré lui à adopter pour un programme progressiste et humaniste). Il se dégage du film une curieuse sérénité, qui n'est jamais mise en avant ou surligné. Elle passe davantage par un dépouillement spirituel qui s'accorde idéalement avec la déchéance de Ohara-san contraint de vendre ses biens ou qui espère se reconvertir dans la manutention (ses couturières défiant la cadence d'un moine scandant ses soutras).
Shimizu fait ainsi preuve d'une sobriété qui n'exclut ni la mélancolie, la tendresse, l'humour ou la chaleur et ce, uniquement, grâce à sa science du cadrage, du découpage et du montage. C'est peut-être d'autant plus réussi que le film prend son temps pour décrire indirectement ses enjeux, ses personnages et leur relation à l'images des rapports avec l'épouse du protagoniste. Ainsi, l'air de rien, la fin touche droit au cœur.

anthonyplu
7
Écrit par

Créée

le 8 juin 2021

Critique lue 42 fois

1 j'aime

anthonyplu

Écrit par

Critique lue 42 fois

1

D'autres avis sur Monsieur Shosuke Ohara

Monsieur Shosuke Ohara
Cinephile-doux
6

Mélancolie alcoolisée

Ohara descend d'une lignée prestigieuse. Honnête, notre homme fait preuve de générosité dans son village. Il aide tous ceux qui le sollicitent au mépris de sa fortune qui fond rapidement. D'autant...

le 30 août 2019

Du même critique

A Taxi Driver
anthonyplu
7

Maybe you can drive my car

L'ancien assistant de Kim ki-duk revient derrière la caméra après 6 ans d'absence. Il porte à l'écran une histoire vraie, elle-même plongée au cœur d'une page sombre de l'histoire sud-coréenne soit...

le 22 oct. 2017

16 j'aime

1

Absences répétées
anthonyplu
9

Absences remarquées

N'ayons pas peur des mots : voilà un chef d'oeuvre déchirant. C'est une sorte de cousin Au Feu follet de Louis Malle avec cette solitude existentielle et son personnage dans une fuite en avant vers...

le 8 oct. 2014

11 j'aime

2

The Crossing Part 2
anthonyplu
6

Comment créer une voie d'eau en voulant éviter l'accident

Grosse panique à bord après l'échec cuisant du premier épisode. Pour essayer de ramener le public dans les salles pour ce second opus, le film a été fortement remanié : reshoot et remontage en...

le 5 juil. 2017

9 j'aime