Quand on construit un projet cinématographique sur de nobles intentions, le résultat est rarement décevant. On sait assez peu de choses sur Ferenc Leroget mais il est vraisemblable qu’il se soit lancé dans le cinéma pour juste s’amuser à faire un film de monstres en tournant avec des filles à poil. On l’imagine alors au début des années 60 dans l’esprit libertaire et beatnik rédiger un script sur un coin de table avec dans une main le Frankenstein de Mary Shelley et dans l’autre le playboy de l’époque. Le résultat quant à lui est comment dire (??)…. Étrange.


The Monster of Camp Sunshine or How I Learned to Stop Worying and Love Nature raconte l’histoire de deux amies colocataires new-yorkaises qui décident régulièrement de partir décompresser le temps d’un week-end dans un camp de nudistes. Mais l’une d’entre elles, infirmière de son état, sera malheureusement à l’origine de la contamination du jardinier un peu benêt du camp qui se transforme en psychopathe meurtrier après avoir bu l’eau d’une rivière.


Petit film d’exploitation sorti en 1964 The Monster of Camp Sunshine est vraiment une étrange expérience de montagne russe qui combine des instants de lentes et vaines contemplations qui ressemblent à du pur remplissage avec des moments de folie burlesque qui font partir le film complètement en vrille. Sur la forme, le film est plutôt bien construit et relativement soigné dans ses cadres, sa photographie et même son montage. Les scènes new-yorkaises sont assez jolies et même si on voit souvent l’ombre ou le reflet du cameraman The Monster of Camp Sunshine n’est pas aberrant dans sa forme et sa mise en scène. Il l’est clairement plus dans ce qu’il raconte avec cette histoire de contamination tirée par les cheveux avec un scientifique qui balance un produit toxique dans la flotte, lequel est récupéré par un pêcheur qui le déverse dans une rivière dans laquelle vient s'abreuver le jardinier un peu idiot du coin. Si le sujet laissait entrevoir un slasher avant l’heure il faudra se contenter du plus faible bodycount de l’histoire du genre avec carrément aucune victime à déplorer notre tueur à la hache se prenant la jambe dans un piège à ours ou un gâteau à la crème dans la face avant d’avoir débité du nudiste en morceaux. Le film de Ferenc Leroget s’oriente d’ailleurs plus ouvertement vers la comédie polissonne que vers l’horreur avec même une forme de slapstick venant du cinéma muet. Car même si le film est sonore et parlant, il prend souvent la forme d’un film muet avec musique légère de comédie voir de cirque et intertitres à la place des dialogues. Dès son générique de début un peu foutraque avec des images découpées qui s’animent en stop motion on sait qu’on entre dans un univers assez décalé.


Si globalement le film est agréable à suivre, il n'évite pas de trèèèèèèèèèèèèèèèès longues séquences de remplissage à voir des femmes et quelques mecs se dorer la pilule ou se baigner à oilpé. On notera tout de même un art consommé de l’accessoire afin d’éviter toute nudité frontale, ces dames et ces messieurs ayant toujours un objet ( livre, sac, serviette, instrument de musique …) pour cacher leur intimité, ce qui finit par donner un petit effet comique assez amusant. Mais le film globalement un peu mou nous réveille largement lors de son final complètement barge.


Afin d’arrêter notre tueur maladroit et un peu crétin le scientifique débarque en sautant en parachute après une folle course en moto et surtout il a prévenu l’armée pour venir à son secours. Ferenc Leroget qui n’en a plus strictement rien à foutre de la cohérence nous balance des stocks shots de film de la guerre de sécession et de la seconde guerre mondiale (débarquement compris) tandis que notre pauvre tueur se fait canarder de toutes parts dans des séquences qui passent allègrement du jour à la nuit. Un des nudistes, qui a pris le temps de remettre un immonde slibard kangourou trop grand, canarde même au pistolet, à la mitrailleuse et à la dynamite le pauvre jardinier même pas tout à fait coupable. Tout notre petit monde retrouvera ensuite le calme sur une note positive , au lieu de la violence promenons-nous les miches à l’air dans la douce quiétude de dame nature.


Assez curieusement (ou pas ?) The Monster of Camp Sunshine reste le seul et unique film de Ferenc Leroget alors qu’il est loin d’être le plus honteux film d’exploitation jamais tourné et que d’autres réalisateurs avec des univers moins intéressants auront fait de nombreux autres films. En tout cas ce mélange d’érotisme bon enfant, d’humour un peu absurde et d’horreur complètement inoffensive est loin d’être un imbuvable cocktail.


Ma Note Nanar 06/10

freddyK
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le 20 oct. 2025

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